Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/47

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savoir que c’était lui, le comte de Dorincourt, qui m’en fournissait les moyens. Sûrement Sa Seigneurie n’a pas prévu quels seraient les souhaits que formerait son petit-fils ; n’importe ! il m’a ordonné de m’y conformer, et puisque lord Fautleroy veut secourir cette pauvre femme… »

Dans cette occasion, pas plus que dans d’autres, il ne répétait exactement les paroles du comte, qui auraient laissé beaucoup à désirer sous le rapport de l’amabilité et de la courtoisie.

« Faites comprendre à mon petit-fils, avait dit celui-ci, que je peux lui donner tout ce qu’il désire. Qu’il voie ce que c’est que d’être le petit-fils du comte de Dorincourt. Achetez-lui tous les objets qui lui feront envie. Qu’il ait toujours de l’argent dans ses poches et qu’il sache bien que c’est son grand-père qui le lui donne. »

Les motifs du comte étaient loin d’être élevés ; mais la mère de Cédric avait une nature trop droite et trop affectueuse pour les soupçonner. Sans s’apercevoir du profond égoïsme qui se cachait sous ces apparences généreuses, elle se dit qu’il était naturel qu’un homme âgé, seul, malheureux, qui avait perdu tous ses enfants, cherchât, par de bons procédés, à gagner l’affection et la confiance de l’unique rejeton qui lui restât. De plus, elle était heureuse de penser que le premier effet de la fortune étrange et soudaine qui venait de tomber sur son petit garçon, serait de venir en aide à une pauvre femme à laquelle elle s’intéressait et qui avait tant besoin de secours.

« Oh ! s’écria-t-elle, toute rougissante de joie, c’est très bon de la part du comte ! Cédric va être si heureux ! Il