Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/49

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L’homme de loi toussa de nouveau légèrement ; son vieux cœur endurci était ému par le regard anxieux et timide de la jeune femme.

« Je crois, madame, dit-il, autant que j’en peux juger par mon entrevue de ce matin avec Sa Seigneurie, que le futur comte de Dorincourt pensera aux autres encore plus qu’à lui-même. Il n’est encore qu’un enfant, mais il me semble qu’on peut se fier à lui. »

Cédric rentrait en ce moment dans le salon.

« Ce sont des douleurs rhum… rhumatismales, à ce que raconte Brigitte, dit-il, et il paraît que ce sont des douleurs terribles. Et Michel voit bien qu’ils ne vont pas pouvoir payer le loyer, et cela rend les douleurs encore plus fortes. Au moins si Patty avait une robe propre, comme dit Brigitte, elle pourrait aller en journée et gagner quelque chose pendant que son père est malade ; mais elle n’a que des loques à se mettre. »

La figure de l’enfant était très anxieuse en parlant ainsi.

« Chérie dit que vous me demandez, monsieur, ajouta Cédric à qui sa mère venait de dire quelques mots.

— Le comte de Dorincourt… » commença l’homme d’affaires ; mais il s’arrêta, un peu embarrassé, de ce qu’il avait à dire, ou du moins de la manière de le dire, et jeta un coup d’œil involontaire à Mme Errol.

Celle-ci s’agenouilla vivement sur le tapis, comme pour se mettre mieux à la portée de son fils, et jetant tendrement ses bras autour de lui :

« Cédric, lui dit-elle, le comte est ton grand-papa, le propre papa de ton père. Il est très, très bon, il t’aime et il désire que