Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/58

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son château avec des hôtes de choix ; il pouvait donner de grands dîners et de splendides parties de chasse ; mais il savait que ceux mêmes qui se rendaient à ses invitations ne trouvaient aucune satisfaction à se trouver en face de son visage renfrogné et qu’ils redoutaient ses sarcasmes : car il avait toujours eu une langue piquante et il aimait à railler les gens, à les intimider et à leur faire sentir son pouvoir.

En regard du hautain gentilhomme, formant un contraste parfait avec lui, M. Havisam se représentait l’aimable, gai, ouvert petit garçon qui, quelques jours auparavant, était assis au fond du grand fauteuil, en face de lui, lui racontant à sa généreuse et innocente manière l’histoire de ses amis, Dick, Brigitte, la marchande de pommes. Il pensait aux immenses revenus, aux magnifiques propriétés et au pouvoir pour le bien et pour le mal qui, avec le temps, devaient tomber dans ses petites mains, et il disait :

« Cela fera une fameuse différence ! une fameuse différence ! »

. . . . . . . . . . . . . . .

Le sentiment qu’eut Cédric des avantages qu’il y avait à être comte augmenta encore la semaine suivante. Il lui était pour ainsi dire impossible de concevoir un désir qu’il ne pût réaliser, et il s’empressa de le faire avec une satisfaction et une simplicité qui amusèrent beaucoup le vieil homme de loi. Pendant la semaine qui précéda leur départ pour l’Angleterre, ils firent des choses assez singulières et auxquelles l’envoyé du comte n’était certes pas préparé. Ce digne gentleman se rappela longtemps le matin où il accompagna Sa petite Seigneurie.