Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/62

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essuyer, comme s’il ne s’apercevait pas de sa présence, Dick les suivit du regard jusqu’à ce que la mince silhouette de Cédric eût disparu, ainsi que celle du grave personnage qui l’accompagnait.

Jusqu’au jour du départ, Sa Seigneurie passa la plus grande partie de son temps dans la boutique de M. Hobbes. Une amére tristesse avait envahi l’épicier ; il était très abattu. Quand son jeune ami lui apporta en triomphe la montre et la chaîné d’or qu’il voulait lui offrir comme souvenir, M. Hobbes ne sut pas comment remercier. Il posa la petite boîte sur son large genou et se moucha plusieurs fois bruyamment.

« Il y a quelque chose d’écrit à l’intérieur, dit Cédric ; j’ai dit moi-même ce qu’il fallait mettre : « Lord Fautleroy à son plus vieil ami, M. Hobbes. » Quand vous lirez ces mots, vous penserez à moi. J’aurais du chagrin si vous m’oubliiez. »

M. Hobbes se moucha de nouveau et encore plus énergiquement.

« Il n’y a pas de danger que je vous oublie, dit-il d’une voix un peu saccadée, comme Dick l’avait fait. J’espère que vous ne m’oublierez pas non plus, quand vous serez là-bas, avec vos lords et vos seigneuries.

— Je ne vous oublierai pas, n’importe avec qui je me trouverai, dit le petit lord ; j’ai passé avec vous mes meilleures journées, du moins quelques-unes des meilleures. J’espère qu’un jour vous viendrez me voir. Je suis sûr que mon grand-papa sera très heureux de vous connaître. Peut-être il vous écrira pour vous en prier, quand je lui aurai parlé de vous. Vous ne lui en voudrez pas trop d’être un comte ; je