Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/66

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Quelques instants après, ils étaient sur le pont du steamer, au milieu du bruit et de la confusion. Des omnibus, des voitures de toutes sortes, amenaient des passagers, qui faisaient décharger leurs bagages. Les commissionnaires s’empressaient de les enlever et de les porter sur le bateau ; d’autres voyageurs se hâtaient d’accourir, pressés par l’heure et agités de la crainte d’arriver trop tard ; les marins déroulaient des cordages ; les officiers donnaient des ordres ; des messieurs et des dames, des enfants avec leur bonne, qui étaient venus dire adieu à des amis en partance, allaient et venaient sur le pont ; quelques-uns riaient et babillaient gaiement ; d’autres, et c’était le plus grand nombre, tristes et silencieux, essuyaient leurs yeux avec leur mouchoir. Cédric trouvait tout cela intéressant. Il regardait les piles de cordes enroulées, les voiles repliées, les mâts qui touchaient presque le ciel bleu, et il commençait à faire des plans pour causer avec les marins quand on serait en mer, et pour les interroger au sujet des pirates.

Tout en formant ce projet, il suivait des yeux les derniers préparatifs du départ, penché sur le parapet du pont. Il s’amusait beaucoup de ce tumulte inaccoutumé, des cris des marins et des commissionnaires, lorsqu’il remarqua qu’un léger mouvement se produisait dans un groupe à quelques pas. Quelqu’un cherchait à se frayer passage pour arriver jusqu’à lui. C’était un garçon de quatorze ou quinze ans, qui tenait à la main quelque chose de rouge. Cédric eut bientôt reconnu Dick. Celui-ci s’élança presque hors d’haleine vers le petit lord, aussitôt qu’il l’eut aperçu.