Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/82

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Et elle tendit sa petite main à la fidèle créature, qui la pressa doucement et d’une manière encourageante. Elle comprenait combien tout ce qui l’entourait devait sembler « étranger » à la pauvre jeune femme, qui venait de quitter le pays où elle était née et que son enfant lui-même allait quitter.

Les servantes regardèrent avec curiosité le petit garçon et sa mère. Tous deux avaient été le sujet des conversations depuis qu’il était question de leur arrivée. On savait quelle affreuse colère le mariage du fils cadet du comte avait autrefois excitée chez son père ; on savait les déboires que lui avaient causés ses autres fils, aussi bien que la raison pour laquelle Mme Errol devait vivre à la Loge et le petit lord au château. On connaissait aussi la dureté de son grand-père, dont la goutte augmentait encore l’humeur acariâtre.

« Il n’aura guère de bon temps, le pauvre petit ! » disaient les domestiques entre elles.

Il retira lui-même son pardessus, comme un petit garçon qui n’est pas habitué à se faire servir, et se mit à regarder autour de lui et à examiner le large vestibule, ainsi que les peintures et les bois de cerf qui l’ornaient. Ces choses lui semblaient d’autant plus curieuses que, jusque-là, il n’en avait vu que dans les musées et les établissements publics.

« Chérie, dit-il enfin, cette maison est très jolie, et je suis heureux de penser que vous allez y vivre ; elle est très jolie, très grande. »

Elle était très grande en effet, surtout comparée à celle que Cédric avait habitée jusque-là. Mary les conduisit à une belle chambre à coucher, tendue de perse, dans la cheminée de