Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/87

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M. Havisam frotta son menton :

« C’est très étrange, dit-il. Je crains que cela ne le fâche ; il ne comprendra pas.

— Je pense qu’il le comprendra quand il y aura réfléchi, dit doucement la jeune femme. Je n’ai aucun besoin de cet argent. Comment accepterais-je ce dont je puis me passer de la part d’un homme qui me hait au point de me prendre mon enfant, l’enfant de son fils ! »

M. Havisam demeura pensif pendant quelques instants, le menton dans sa main, comme il faisait quand une question le préoccupait vivement.

« Je délivrerai votre message, dit-il enfin ; seulement j’ai peur, ainsi que je viens de vous le dire, que cette détermination n’offense le comte ; il est si… si absolu dans ce qu’il a décidé ! il souffre si peu la contradiction !

— Il ne peut me contraindre à recevoir une part de ses bienfaits plus grande que celle que je crois de ma dignité d’accepter, dit Mme Errol du même ton doux et tranquille.

— Je délivrerai votre message, » répéta M. Havisam. Et il quitta la mère et le fils de plus en plus captivé par les sentiments qu’ils lui avaient inspirés tous deux, laissant les pauvres créatures jouir du bonheur de passer encore une nuit ensemble.