Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/90

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— Sa Seigneurie reste avec sa mère ce soir. Demain je l’amènerai au château. »

Le comte posa le coude sur le bras de son fauteuil et mit la main devant ses yeux, comme pour dérober à son interlocuteur l’effet que ses paroles allaient produire sur lui.

« Bien, dit-il ; continuez. Vous savez que je vous ai défendu de me rien écrire sur cette matière ; je ne sais donc rien de cet enfant. Quelle sorte de garçon est-ce ? » ajouta-t-il.

M. Havisam porta à ses lèvres le verre de porto qu’il s’était versé et s’assit le tenant à la main.

« Il est difficile de juger du caractère d’un enfant de huit ans, dit-il enfin.

— Un imbécile ! exclama le comte ; un garçon grossier, mal bâti ! Son sang américain parle.

— Je ne pense pas que le sang américain lui ait nui, mylord, reprit l’homme de loi, du ton tranchant qui lui était habituel. Je ne connais pas grand’chose aux enfants, mais il me fait plutôt l’effet d’être un beau garçon.

— De bonne santé et de bonne venue ? demanda le comte.

— De bonne santé, en apparence du moins, et de très belle venue.

— Droit, bien conformé ? »

Un léger sourire monta aux lèvres de M. Havisam. Il avait laissé à la Loge le beau et gracieux enfant au teint rosé, aux yeux brillants, à demi étendu devant le foyer, ses cheveux d’or répandus sur la peau de tigre.

« C’est plutôt un beau garçon, j’ose dire, reprit-il, quoique