Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/93

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convaincue que ce serait mettre une barrière entre vous et lui, car il aime passionnément sa mère. Elle a tâché de lui faire accepter cette séparation en lui disant qu’il était trop jeune encore pour en comprendre la raison, et qu’on la lui dirait plus tard. Elle désire qu’il n’y ait aucun nuage sur votre première entrevue. »

Les yeux du comte lancèrent un éclair sous le profond abri de ses sourcils.

« Allons donc ! fit-il, vous ne me ferez pas accroire que la mère ne lui a rien dit.

— Pas un mot, mylord, reprit l’homme de loi froidement, pas un mot. Ceci, je puis vous l’affirmer. L’enfant est préparé à croire que vous êtes le plus aimable et le plus tendre des grands-pères. Rien, absolument rien, n’a été dit pour lui donner le plus léger doute sur vos perfections ; et comme j’ai exécuté vos ordres dans les plus grands détails, il vous regarde comme un miracle de générosité.

— Bah ! dit le comte.

— Je vous donne ma parole d’honneur que l’impression que lord Fautleroy aura de vous dépend entièrement de vous-même. Et si vous voulez me pardonner la liberté que je prends, j’ajouterai que je pense que cette impression sera d’autant plus favorable si vous ne lui parlez pas légèrement de sa mère.

— Bah ! bah ! dit le comte, l’enfant n’a que huit ans, après tout !

— C’est possible, mais il a passé ces huit années avec elle, et elle a toute son affection. »