Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/153

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le chevalier. Quoiqu’elle ait été jusqu’à-présent si grave et si réservée, que je n’aye sur ma foi jamais imaginé qu’elle fît autre chose que de lire des sermons, je m’apperçois pourtant qu’il n’y a pas plus de sûreté à se fier aux femmes qu’à prêter son argent.

Ah ! chevalier, s’écria madame Harrel, vous savez que je vous ai toujours conseillé de ne pas être si facile. Il est certain que vous méritez qu’on vous blâme de votre sécurité. Eh ! pourquoi, madame, serait-elle troublée, s’écria le baronnet ? Ai-je sujet de m’alarmer de ce qu’une jeune demoiselle va se promener sans moi ? Pensez-vous que je voulûsse gêner miss Beverley, et l’empêcher de disposer de sa matinée, tant que j’aurai le bonheur de la voir tous les après-dîners, et de lui rendre des soins ?

Cécile fut toute étourdie de ce propos, qui était non-seulement l’aveu public de ses prétentions, mais qui annonçait encore la persuasion où il était de leur succès. Elle était piquée qu’un homme comme lui pût se flatter un seul instant de réussir à lui