Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 3 an III.djvu/146

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plus long-temps, il s’approcha très-irrité pour saisir madame Harrel, qui poussa un cri. Cécile épouvantée, s’adressant à lui : Si vous devez, dit-elle, vous quitter cette nuit, ne vous séparez pas d’une manière aussi cruelle !… Levez-vous, madame Harrel, et cédez… Raccommodez-vous avec elle, traitez-la avec douceur, M. Harrel… Je consens à l’accompagner… Nous irons tous ensemble. Et pourquoi, s’écria M. Harrel un peu moins durement, quoique très-ému, pourquoi viendriez-vous ?… Vous n’avez nul besoin de leçon. À quoi bon vous exposer ? Vous feriez beaucoup mieux de nous fuir ; et lorsque je serai parti, ma femme pourra vous retrouver.

Madame Harrel ne voulut point absolument que Cécile se séparât d’elle ; on garda un profond silence pendant le chemin. Madame Harrel pleurait, son mari ne disait rien, et Cécile était remplie de soupçons inquiétants et agitée de crainte et d’impatience.