Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 6 an III.djvu/211

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serai jamais capable de trahir ma chère Henriette, ni de découvrir ses secrets à qui que ce soit. Puis-je, mademoiselle, vous faire encore une question ? — Certainement. — Pourquoi ceci n’a-t-il pas eu lieu plutôt ? — En vérité, s’écria Cécile très-déconcertée, je ne sais pas même qu’il doive actuellement avoir lieu. — Mais, ma chère demoiselle, qu’est-ce qui pourrait s’y opposer ? — Un million d’obstacles ; rien au monde n’est moins sûr. — Me voici tout aussi embarrassée que je l’aie jamais été ; j’ai ouï dire, il y a déjà bien du temps, et nous l’avons tous cru, que cela devait se faire ; et je n’y trouvais rien d’étonnant. Souvent j’ai pensé que rien n’était plus convenable. Ensuite nous avons appris qu’il n’était question de rien de pareil. Dès-lors j’ai été persuadée que ce n’était qu’une invention qui n’avait nulle réalité.

Je vois qu’il faut absolument ne vous rien déguiser, ma chère Henriette. Il y a déjà long-temps que je me trouve dans la situation du monde la plus étrange.