Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/132

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capitaine, et contre l’horrible grossièreté de la nation anglaise en général : elle m’annonça qu’elle feroit toute la diligence possible pour se sauver au plus tôt d’un pays aussi peu humanisé.

Elle déplora amèrement le sort de son étoffe de Lyon, protestant qu’elle auroit mieux aimé perdre toute sa garde-robe, puisque c’étoit la première robe de couleur qu’elle portoit depuis son deuil. Elle a gagné un gros rhume, et M. Dubois est enroué à ne pouvoir parler.

Elle me retint pour la journée entière, qui étoit destinée, disoit-elle, à me faire faire la connoissance de plusieurs personnes de la famille. J’aurois voulu en être dispensée, mais il fallut céder malgré moi.

Un tissu de questions de sa part, et les réponses qu’elle m’extorqua, remplirent tout le temps que nous fûmes seules. Sa curiosité étoit insatiable : elle vouloit être exactement instruite de chaque événement de ma vie, et elle me demanda de même des nouvelles détaillées de toutes les personnes avec lesquelles j’ai vécu. Elle eut la dureté, de m’entretenir de nouveau de la haine invétérée qu’elle nourrit contre l’unique bienfaiteur que sa fille et sa petite-fille ont trouvé dans