Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/141

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ce compliment ; ne vous paroît-il pas singulier ? Je ne m’y attendois pas de sa part : — mais la galanterie est, je crois, commune à tous les hommes, quelles que soient d’ailleurs leurs bonnes qualités.

Notre déjeûner fut le plus délicieux de tous les repas que nous ayons faits ici depuis notre arrivée. Si cette madame Duval n’y étoit pas, je commencerois à me plaire à Londres.

La conversation du lord Orville est des plus agréables. Ses manières douces, polies et modestes, inspirent la confiance et lui assurent une estime générale. Loin de se reposer sur son mérite, il cherche toujours à plaire dans les sociétés ; et quoique sûr d’un succès constant, il n’en tire pas la moindre vanité. Qu’il diffère en cela de la plupart des jeunes gens d’ici, qui, sans atteindre à ses perfections, affichent des airs de prétention insupportables !

Je voudrois, mon très-cher monsieur, que vous fissiez la connoissance de ce lord Orville : je suis persuadée que vous l’aimeriez. Il est le seul à Londres pour qui j’aie été tentée de faire un pareil souhait. Quelquefois je me représente que, lorsque l’âge aura ralenti sa vivacité, et qu’il mènera une vie moins dis-