Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/20

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Ainsi, sans vouloir confier l’éducation morale de sa fille à une femme aussi mal élevée que madame Evelyn, il jugea pourtant à propos de lui assurer le respect et les égards qu’elle pouvoit exiger de la part d’un enfant. Malheureusement il ne soupçonna point que la mère fût capable de manquer d’affection et d’équité.

Depuis l’âge de deux ans jusqu’à dix-huit, miss Evelyn fut élevée sous ma direction. Je me dispense, madame, de vous parler des vertus de cette jeune personne. Elle m’aimoit comme son père ; elle fut également attachée à madame Villars : en un mot, elle me devint si chère, que je la quittois avec autant de regret que madame Villars elle-même, qui bientôt après me fut enlevée par la mort.

C’est à cette époque de sa vie que nous nous séparâmes. Sa mère, qui avoit épousé M. Duval, la fit venir à Paris. Que ne l’ai-je accompagnée ! peut-être mon appui lui auroit-il épargné les disgraces qui l’attendoient ! Enfin madame Duval pressée par son mari, s’employa avec vivacité, ou plutôt avec tyrannie, à faire réussir le mariage de miss Evelyn avec l’un des neveux de M. Duval. Lors-