Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/229

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Cependant l’idée d’être négligée de l’auteur de mes jours, au point qu’il ne daigne pas s’informer de la santé, du bien-être, pas même de l’existence de sa fille ; cette idée, dis-je, me poursuit et m’accable. Sans vous, un pareil abandon me deviendroit insupportable : vos bienfaits m’ont empêchée d’en sentir toute l’amertume. Mais quelle doit être la situation de ce père qui me renie ? ne dois-je pas le plaindre ? Il faudroit que je fusse dépourvue, non-seulement de toute piété filiale, mais même de tout sentiment d’humanité, si un tel souvenir ne me déchiroit l’ame.

Je le répète, monsieur, je ne sais ce que je dois desirer ; réfléchissez pour moi, et souffrez que mon foible cœur, qui ne sait de quel côté tourner ses espérances, ne reconnoisse d’autre guide que votre prudence et vos bons conseils.