Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/340

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fléchir, pour vous sauver d’un malheur éternel ».

« Vous me surprenez, reprit-il, les yeux et les mains levés vers le ciel ; vous me surprenez très-fort ».

En disant ces mots, il parut plongé dans la plus profonde rêverie. Le bruit qui se fit entendre au bas de l’escalier, annonça l’arrivée des Branghton : aussi-tôt cet infortuné se réveilla comme en sursaut. Il s’approcha de moi, mit un genou en terre, saisit ma robe, qu’il pressa de ses lèvres, et vola promptement hors de la chambre.

Une aventure aussi extraordinaire et aussi touchante, fit sur moi la plus forte impression ; j’étois épuisée au point que je tombai évanouie avant que les Branghton fussent entrés.

Ma vue devoit les effrayer ; j’étois étendue par terre, les pistolets à côté de moi : ce coup d’œil sembloit leur annoncer une catastrophe tragique.

Je repris insensiblement mes esprits, graces aux cris, plutôt qu’aux soins qu’ils me donnèrent. Ils me supposoient morte, et personne ne pensoit à m’apporter du secours.

J’étois à peine un peu revenue, qu’ils m’étourdirent d’un torrent de questions ;