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DU BUDDHISME INDIEN.

Ainsi répondit à Bhagavat le respectable Ânanda ; et il annonça aux Religieux ce que Bhagavat lui avait dit, et dans les mêmes termes. Les Religieux promirent au respectable Ânanda de le faire.

Ensuite Bhagavat, qui maître de lui, calme, affranchi, consolé, discipliné, vénérable, exempt de passion, bienveillant, était entouré d’un cortége de sages qui partageaient avec lui ces mêmes mérites ; qui était comme le taureau environné d’un troupeau de vaches ; comme l’éléphant au milieu de ses petits ; comme le lion au milieu des animaux des bois ; comme le Râdjaham̃sa au milieu des cygnes ; comme Suparṇa (Garuḍa) au milieu des oiseaux ; comme un Brâhmane au milieu de ses disciples ; comme un bon médecin au milieu de ses malades ; comme un brave au milieu de ses soldats ; comme le guide parmi les voyageurs ; comme le chef de la caravane au milieu des marchands ; comme un chef de métiers au milieu des habitants d’une ville ; comme le roi d’un fort au milieu de ses conseillers ; comme un monarque souverain au milieu de ses mille enfants ; comme la lune au milieu des Nakchatras (mansions lunaires) ; comme le soleil entouré de ses milliers de rayons ; comme Virûḍhaka[1] au milieu des Kumbhâṇḍas ; comme Virûpâkcha[2] au milieu des Nâgas ; comme Dhanada[3] au milieu des Yakchas ; comme Dhrĭtarâchṭra[4] au milieu des Gandharvas ; comme Vêmatchitra au milieu des Asuras ; comme Çâkra au milieu des Dieux ; comme Brahmâ au milieu des Brahma kâyikas ; qui ressemblait à l’Océan en mouvement, à un lac plein d’eau, au roi des éléphants qui serait paisible ; Bhagavat, dis-je, s’avançant avec une démarche dont ses sens bien maîtrisés ne troublaient pas le calme[5], et avec les nombreux attributs d’un

  1. C’est le Dieu dont les Chinois transcrivent ainsi le nom ; Pi leou le tcha ou Pi lieou li ; ils y voient avec raison le sens de « grandeur accrue, » mais c’est probablement de la grandeur physique qu’il s’agit ici ; car on sait que les Kumbhâṇḍas sont des dieux difformes. Ce Dieu réside dans le quatrième des cieux étagés sur le mont Mêru, du côté du midi. (Rémusat, Foe koue ki, p. 139 et 140.)
  2. Les Chinois transcrivent ce nom ainsi : Pi lieou po tcha ou Pi lieou pho tcha ; mais la note de M. A. Rémusat, qui me fournit ces transcriptions, n’en donne pas le véritable sens. Le mot Virûpâkcha signifie « celui qui a les yeux difformes. » Ce Dieu réside au quatrième ciel du mont Mêru, du côté de l’occident. (Rémusat, Foe koue ki, p. 140.)
  3. Dhanada, ou le Dieu des richesses, a aussi un autre nom, celui de Vâiçravaṇa, qui paraît souvent dans les légendes buddhiques, et que les Chinois transcrivent Pi cha men, « le glorieux. » Ce Dieu réside au quatrième ciel du mont Mêru, du côté du nord. (Rémusat, Foe koue ki, p. 139.)
  4. Ce nom est ainsi transcrit par les Chinois : Thi theou laï to, ou Thi ta lo thö, « le protecteur du royaume. » Il semble que la transcription chinoise parte d’un original pâli et non sanscrit. Ce Dieu réside au quatrième des cieux étagés sur le mont Mêru, du côté de l’orient. (Rémusat, Foe koue ki, p. 139.)
  5. L’expression dont se sert ici le texte est encore spéciale au sanscrit buddhique : Sudântâir indryâir asam̃kchôbhitêryâpathapratchâraḥ, littéralement « s’avançant dans la voie d’une démarche non émue par ses sens bien maîtrisés. » Wilson donne cependant îryâ avec le sens de