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DU BUDDHISME INDIEN.

les données relatives à la proscription du Buddhisme avec celles qui se rapportent à son établissement chez les peuples qui l’ont recueilli, notamment au nord de l’Inde. Il est clair, en effet, qu’à mesure que le Buddhisme s’éloignait de son berceau, il perdait une portion de la vie qu’il tirait de son long séjour dans la contrée où il avait fleuri pendant tant de siècles, et qu’obligé de se servir, pour se propager chez des peuples nouveaux, d’idiomes divers et quelquefois peu dociles à l’expression de ses conceptions propres, il cachait peu à peu ses formes originales sous un vêtement emprunté. La transformation ne se fit pas partout à la fois, mais elle commença d’assez bonne heure, et se continua jusqu’à des époques sensiblement rapprochées de notre temps. C’est là ce que j’appelle l’âge moderne du Buddhisme septentrional ; c’est à cet âge que je dois arrêter ces recherches, lorsque l’esquisse historique que je compte tracer du Buddhisme indien y sera parvenue.

Telles sont les principales phases que je crois pouvoir, avec quelque confiance, signaler dans l’histoire de la collection népâlaise ; elles résultent pour moi de la combinaison des données traditionnelles avec celles que m’a fournies l’étude des textes. Mais tout n’est pas achevé encore ; nous n’avons obtenu jusqu’ici que quelques dates, ou plutôt quelques époques dont nous pouvons bien indiquer la relation mutuelle, mais que nous ne rattachons encore à rien. Nous manquons, en un mot, du point fondamental, duquel il faudra partir pour les placer dans les annales de l’Inde et dans celles du monde. Ce point initial, les Buddhistes du Nord nous le fournissent : c’est la mort de Çâkyamuni, le dernier Buddha ; voilà le fait capital qui sert de base à tout le développement historique du Buddhisme, notamment à cette chronologie des conciles dont j’ai parlé plus haut ; mais la tradition et les textes nous laissent à peu près dans l’ignorance sur la date réelle de ce fait, de la détermination positive duquel dépend celle de tous ceux qui le suivent. Au lieu d’un point fixe, la tradition ne nous donne qu’une collection de dates qui diffèrent les unes des autres de plusieurs siècles, et dont aucune n’a obtenu l’assentiment des Buddhistes de toutes les écoles. Il nous faut donc, avant de placer définitivement dans l’histoire la série des événements relatifs à la collection sacrée, avoir fait un choix entre les dates nombreuses assignées par les Buddhistes de tous les pays à la mort de Çâkya. Nous sommes, on le voit, naturellement conduits à l’examen de cette question difficile, de la solution de laquelle dépend la détermination définitive des données historiques rassemblées jusqu’ici.

Nous ne pouvons cependant l’aborder sans avoir porté nos regards sur une autre région où fleurit également le Buddhisme, et où il s’est conservé jusqu’à nos jours dans des livres écrits en une langue d’origine indienne, et qui, comme ceux du Nord, se prétendent inspirés ; je veux parler de Ceylan et de la collection