Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/124

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vertu purifiante est ressentie par tous ceux qui l’approchent. Cette Marie est aujourd’hui reconnue identique à la Mâyâ des Indiens, qui est le principe féminin universel et qui fut la vierge, mère du Bouddha. Le récit de la naissance de Jésus au lever du jour, de l’approche des bergers, des anges chantant en chœur : « Gloire à Dieu au haut du ciel, » tout cela forme dans saint Luc un tableau d’une harmonie orientale et presque vêdique, contrastant merveilleusement avec l’esprit étroit des sadducéens et des pharisiens eux-mêmes. C’est en Galilée, parmi les Gentils, que Jésus reçoit le baptême, et que le Christ se révèle à Jean le Baptiseur ; celui-ci, selon saint Luc, baptisait par l’eau en attendant qu’un autre baptisât par l’esprit et par le feu, nouveau rite différent du baptême hébraïque de saint Mathieu. Luc cherche à diminuer l’autorité des apôtres en omettant toutes les paroles de Jésus, qui dans Mathieu la confirment ; il ôte aux douze le mérite d’avoir fondé la religion du Christ, en leur ajoutant soixante-dix envoyés dont la mission est contraire aux usages israélites les plus accrédités. « Allez, leur dit le maître, comme des agneaux parmi les loups ; ne portez ni bourse ; ni sac, ni souliers ; ne saluez personne en chemin ; en quelque maison que vous entriez, faites d’abord le salam, et demeurez là, mangeant et buvant de ce qui sera mis devant vous. » Luc fait à Paul des allusions évidentes et le déclare le premier des apôtres. Quand Paul fut persécuté, Luc resta fidèle à Paul au moment où tous les autres le trahissaient. Enfin les plus anciens pères de l’église, Irénée, Tertullien, Origène, Eusèbe, Jérôme, identifient la pensée de Luc avec celle de Paul.

Les faits que nous venons de citer montrent clairement que si Jésus fut le fondateur du christianisme, saint Paul en fut le vulgarisateur, et qu’imbu d’idées