Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/27

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mentaire sur le texte de Yâdjñavalkya, explique le mot Purâṇa de la même manière, en disant : « Le Brâhma et les autres[1]. » Un scoliaste non moins estimé, Sâyaṇa Âtchârya, cite également les Purâṇas, et s’exprime ainsi, dans ses prolégomènes sur le Rǐgvêda : उपनिषदुत्काश्व सृष्टिस्थितिलयादयो ब्रह्मपाश्मवेष्णवादिपुराणेषु स्पष्टीकृताः, passage qui signifie littéralement : « La création, la conservation, la destruction [de l’univers], et les autres sujets dont il est parlé dans les Upanichads, sont développés dans les Purâṇas, tels que le Brâhma, le Pâdma, le Vâichṇava et les autres[2]. »

J’omets ici à dessein la définition classique d’un Purâṇa que donne ensuite Sâyaṇa, parce que je vais l’examiner bientôt en détail ; je me contente seulement d’observer qu’aux yeux de cet auteur, le nom de Purâṇa désignait des ouvrages assez connus pour qu’il se contentât d’en énumérer quelques-uns. La liste de ces Purâṇas, qui sont sans aucun doute ceux que nous possédons aujourd’hui, commençait selon Sâyaṇa, comme selon Kullûka et Vidjñânêçvara, par le Brâhma[3] : nous pouvons conclure de là que cette liste était la même que celle qui nous a

  1. Vidjnânêçvara, sur Yâdjñavalkya, fol. 1 v. l. 6. On ignore jusqu’à présent l’âge de Vidjñânêçvara, qui passe pour avoir appartenu à un ordre d’ascètes fondé par Çam̃kara Âtchârya, ce que me paraît confirmer le nom qu’il porte. Colebrooke remarque qu’il n’est pas possible de faire descendre ce savant jurisconsulte plus bas que 1375, époque où a été rédigé le premier commentaire de sa Mitâkcharâ ; mais tout porte à croire qu’il est antérieur à la date de ce commentaire. Colebrooke pense que Vidjñânêçvara ne doit pas avoir plus de mille ans d’antiquité ni moins de cinq cents. Two treatises on the law of inherit. préf. p. xi.)
  2. Vêdârthaprakâça, p. 46, init. du ms. de la Bibliothèque du Roi ; p. 36 et 37 de mon manuscrit.
  3. M. Wilson (Essays on the Purâṇ. dans Journ. of the Roy. Asiat, Soc. t. V, p. 65), nous apprend que Bâlambhatta, dans son Commentaire sur la Mitâkcharâ, appelle le Brâhma Âdipurâṇa, c’est-à-dire « le premier Purâna. » Ce titre est également donné à ce Purâṇa par Kullûka, sur Manu, l. V, st. 66 et 72 ; cependant Kullûka cite aussi ce Purâṇa sous son titre le plus ordinaire de Brâhma, et cela l. I, st. 56. Le premier des Upapurâṇas se nomme aussi Âdi, ainsi que nous le verrons plus bas.