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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

il faut en sortir, il faut l’abandonner. Puissent les êtres, après avoir entendu cette science de Buddha, ne pas retourner bien vite sur leurs pas ! Puissent-ils ne pas arriver à se dire : Cette science de Buddha qu’il faut apprendre est pleine de difficultés ! Alors le Tathâgata reconnaissant que les créatures ont des inclinations faibles, de même que ce guide qui construit une ville produite par sa puissance magique, pour servir à délasser ses gens, et qui leur parle ainsi après qu’ils s’y sont reposés : Cette ville n’est que le produit de ma puissance magique ; le Tathâgata, dis-je, ô Religieux, grâce à la grande habileté qu’il possède dans l’emploi des moyens, montre en attendant et enseigne aux créatures, pour les délasser, deux degrés de Nirvâṇa, savoir, le degré des Çrâvakas et celui des Pratyêkabuddhas. Et dans le temps, ô Religieux que les créatures s’y arrêtent, alors le Tathâgata lui-même leur fait entendre ces paroles : Vous n’avez pas accompli votre tâche, ô Religieux, vous n’avez pas fait ce que vous aviez à faire ; mais la science des Tathâgatas est près de vous ; regardez, ô Religieux ; f. 106 a. réfléchissez-y bien, ô Religieux : ce qui est à vos yeux le Nirvâṇa n’est pas le Nirvâṇa [véritable] ; bien au contraire, c’est là un effet de l’habileté dans l’emploi des moyens dont disposent les Tathâgatas vénérables, etc., qu’ils exposent trois véhicules différents. Ensuite Bhagavat voulant exposer ce sujet plus amplement, prononça dans cette occasion les stances suivantes :

60. Le Guide du monde, Abhidjñâdjñânâbhibhû, qui était parvenu à l’intime essence de la Bôdhi(106 a), resta pendant dix moyens Kalpas complets, sans pouvoir obtenir l’état de Buddha, quoiqu’il vît la vérité.

61. Alors les Dêvas, les Nâgas, les Asuras, les Guhyakas, appliqués à rendre un culte à ce Djina, firent tomber une pluie de fleurs dans le lieu où ce Chef des hommes parvint à l’état de Bôdhi.

62. Et ils frappèrent les timbales du haut des cieux, afin de rendre honneur à ce Djina ; et ils étaient plongés dans la douleur, de ce que le Djina mettait un temps si long à parvenir à la situation suprême.

63. Au bout de dix moyens Kalpas, le Bienheureux, surnommé l’Invincible, parvint à toucher à l’état de Bôdhi ; les Dêvas, les hommes, les Nâgas et les Asuras furent tous remplis de joie et de satisfaction.

64. Les seize fils du Guide des hommes, ces héros devenus Kumâras, qui étaient riches en vertus, vinrent, avec des milliers de kôṭis d’êtres vivants, pour honorer le premier des Indras des hommes.