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CHAPITRE XI.

49. Pur d’une profonde pureté, il brille de toutes parts dans l’espace ce corps subtil, orné des trente-deux signes de beauté(143 a),

50. Paré des marques secondaires, honoré par toutes les créatures, d’un abord facile pour les êtres, comme s’il était leur concitoyen.

51. J’ai acquis, comme je le désirais, l’état de Bôdhi ; le Tathâgata m’en est ici témoin, j’exposerai avec tous ses développements la loi qui délivre du malheur.

En ce moment le respectable Çâriputtra s’adressa ainsi à la fille de Sâgara, roi des Nâgas : Tu n’as fait que concevoir, ô ma sœur, la pensée de l’état de Buddha, et tu es incapable f. 143 b.de retourner en arrière ; tu as une science sans bornes : mais l’état de Buddha parfaitement accompli est difficile à atteindre. Ma sœur est une femme, et sa vigueur ne se relâche pas ; elle fait de bonnes œuvres depuis des centaines, depuis des milliers de Kalpas ; elle est accomplie dans les six perfections(143 b) ; et cependant, même aujourd’hui, elle n’obtient pas l’état de Buddha. Pourquoi cela ? C’est qu’une femme ne peut obtenir, même aujourd’hui, les cinq places. Et quelles sont ces cinq places ? La première est celle de Brahmâ ; la seconde, celle de Çakra ; la troisième, celle de Mahârâdja ; la quatrième, celle de Tchakravartin ; la cinquième, celle d’un Bôdhisattva incapable de retourner en arrière.

En ce moment la fille de Sâgara, roi des Nâgas, avait un joyau dont le prix valait l’univers tout entier, formé d’un grand millier de trois mille mondes. La fille de Sâgara, roi des Nâgas, donna ce joyau à Bhagavat, et Bhagavat, par compassion pour elle, l’accepta. Alors la fille de Sâgara, roi des Nâgas, s’adressa ainsi au Bôdhisattva Pradjñâkûṭa et au Sthavira Çâriputtra : Le joyau que j’ai donné à Bhagavat, Bhagavat, par compassion pour moi, l’a bien vite accepté. Le Sthavira répondit : Donné vite par toi, il a été vite accepté par Bhagavat. La fille de Sâgara, roi des Nâgas, reprit : Si j’étais, ô respectable Çâriputtra, douée de la grande puissance surnaturelle, je parviendrais plus vite encore f. 144 a.à l’état de Buddha parfaitement accompli, et personne ne prendrait ce joyau. Aussitôt la fille de Sâgara, roi des Nâgas, à la vue de tous les mondes, à la vue du Sthavira Çâriputtra, supprimant en elle les signes qui indiquaient son sexe(144 a), se montra revêtue des organes qui appartiennent à l’homme, et transformée en un Bôdhisattva, lequel se dirigea vers le midi. Dans cette partie de l’espace se trouvait l’univers nommé Vimala ; là, assis près du tronc d’un arbre Bôdhi, fait des