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CHAPITRE XIII.

qu’on appelle, ô Mañdjuçrî, la première sphère d’activité d’un Bôdhisattva Mahâsattva.

Encore autre chose, ô Mañdjuçrî : un Bôdhisattva Mahâsattva considère toutes les lois comme vides ; il les voit comme elles existent, privées de toute essence, établies directement, subsistant dans la perfection absolue, à l’abri de toute agitation, immobiles, ne revenant pas, ne devenant pas, subsistant constamment dans la perfection absolue, ayant la nature de l’espace, échappant à toute définition et à tout jugement, n’ayant pas été, composées et simples, agrégées et isolées, non existantes et non privées d’existence, inexprimables par le discours, établies sur le terrain du détachement, manifestées au dehors par de fausses conceptions. f. 150 a.C’est de cette manière, ô Mañdjuçrî, que le Bôdhisattva Mahâsattva considère constamment toutes les lois ; et quand il observe cette doctrine, il se tient ferme dans la sphère de son activité. C’est là, ô Mañdjuçrî, la seconde sphère de l’activité d’un Bôdhisattva Mahâsattva.

Ensuite Bhagavat, pour exposer ce sujet plus amplement, prononça dans cette occasion les stances suivantes :

1. Le Bôdhisattva qui, intrépide et inaccessible au découragement, désirerait exposer ce Sûtra pendant la redoutable époque de la fin des temps,

2. Doit observer ce qui regarde les pratiques et la sphère d’activité d’un Bôdhisattva ; il doit être pur et retiré dans le calme du silence ; il doit s’interdire constamment tout commerce avec les rois et les fils des rois.

3. Il ne doit pas avoir de rapports avec les serviteurs des rois, non plus qu’avec les Tchaṇḍâlas, les bateleurs, ceux qui vendent des liqueurs fermentées, et les Tîrthakas en général.

4. Qu’il évite les Religieux livrés à l’orgueil, et qu’il recherche ceux qui observent avec docilité les commandements de la loi ; et que, ne pensant qu’aux Arhats(150 a), il fuie les Religieux qui ont une mauvaise conduite.

5. Qu’il fuie toujours la Religieuse qui aime à rire et à causer, et les fidèles connus pour ne pas être fermes [dans le devoir](150 a 2).

6. Les fidèles de l’autre sexe qui cherchent le Nirvâṇa dans les conditions extérieures, doivent être évités par lui ; c’est là ce qu’on appelle la pratique [d’un Bôdhisattva].

7. Si quelqu’une de ces personnes, venant à l’aborder, l’interroge sur la loi, pour connaître l’état de Bôdhi, il doit, sans s’arrêter, la lui communiquer, toujours ferme et inaccessible au découragement.