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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

Explique-nous donc ce fait, ô Bhagavat, afin que nous n’ayons aucun doute, en ce qui touche cette loi, f. 168 a.et que, dans l’avenir, les fils ou filles de famille entrés dans le véhicule des Bôdhisattvas, qui viendront à l’entendre, n’éprouvent pas d’incertitude.

Ensuite le Bôdhisattva Mahâsattva Mâitrêya adressa, dans cette occasion, les stances suivantes à Bhagavat.

44. Lorsque tu fus venu au monde dans la ville de Kapila, demeure principale des Çâkyas, tu sortis de ta maison, et tu obtins l’état de Bôdhi(168 a) ; il n’y a pas de cela bien longtemps, ô Chef du monde.

45. Et ces grandes troupes de personnages, respectables, intrépides, qui ont rempli leurs devoirs pendant de nombreux kôṭis de Kalpas ; qui se sont tenus fermes et inébranlables dans la force des facultés surnaturelles ; qui ont été bien instruits, et qui ont pénétré entièrement la force de la sagesse,

46. Qui sont inaltérables, comme le lotus l’est au contact de l’eau ; qui, après avoir fendu la terre, sont arrivés aujourd’hui en ce lieu, et qui sont là les mains réunies et l’extérieur respectueux ; en un mot, ces Bôdhisattvas doués de mémoire, ô Maître du monde, [que tu dis tes] fils et [tes] disciples,

47. Comment pourront-ils ajouter foi à l’étonnant langage que tu viens de faire entendre ? Parle pour détruire leur incertitude, et explique-leur le sens de ce que tu as voulu dire.

48. C’est comme s’il y avait ici un homme jeune, de la première jeunesse, ayant les cheveux noirs, qui eût vingt ans ou plus, et qui en montrant des centenaires, les donnât pour ses fils.

49. Que ceux-ci soient couverts de rides et aient les cheveux blancs, et qu’ils disent : C’est cet homme qui nous a donné l’existence. Certainement, ô Chef du monde, on aurait peine à croire que ces vieillards soient les fils de ce jeune homme.

f. 168 b.50. De la même manière, ô Bhagavat, nous ne comprenons pas comment ces nombreux Bôdhisattvas pleins d’intelligence, de mémoire et d’intrépidité, qui ont été bien instruits pendant des milliers de kôṭis de Kalpas ;

51. Qui sont doués de fermeté ; qui ont la pénétration de la sagesse ; qui sont tous beaux et agréables à voir ; qui sont intrépides dans la démonstration de la loi, qui ont été loués par le Guide du monde,

52. Nous ne comprenons pas comment, semblables au vent, ils marchent, exempts de toute affection, au travers de l’espace, sans connaître jamais d’autre demeure, ces fils de Sugata qui produisent en eux l’énergie nécessaire pour atteindre à l’état de Bôdhi.