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NOTES.

St. 10. Aux hommes vertueux et comblés.] Lisez, « aux hommes comblés des saints regards des Buddhas. »

En décrivant complètement.] Le texte se sert du participe sam̃varṇayantô qui se prête également, je dois le dire, à un autre sens dont on rencontre de fréquents exemples, tant dans le sanscrit du Népâl que dans le pâli de Ceylan. C’est le sens de louange, qui est justifié en sanscrit par des autorités classiques. Si l’on préférait ici cette signification, il faudrait dire, « en louant complètement cette règle de la loi. » Nous aurons par la suite de fréquentes occasions de constater l’existence de ce sens de louange donné par les textes buddhiques du Népâl et de Ceylan aux diverses formes du mot varṇa. Je citerai en attendant un bon exemple du pâli vaṇṇa emprunté à la partie philosophique du Djina alam̃kâra ; il s’agit des qualités innombrables d’un Buddha :

Baddhôpi Buddhassa bhaṇêyyà vaṇṇam̃ kappampi tchê aññam abhâsamânô
khîyétha kappô tchiradîgham antaré vaṇṇô na khîyêtha tathâgatassa.

« Quand le Buddha lui-même prononcerait l’éloge du Buddha, même pendant tout un Kappa (Kalpa), sans parler d’autre chose, le Kalpa serait pendant ce récit depuis bien longtemps terminé, que l’éloge du Tathâgata ne serait pas achevé[1] » Comme varṇa signifie louange, avarṇa, qui en est le contraire, prend le sens de blâme. J’en trouve un exemple au commencement d’un des Suttas les plus estimés à Ceylan, le Brahmadjâla sutta : Ayam̃hi Suppiyô paribbâdjdjakô anêkapariyâyéna Buddhassa avaṇṇam̃ bhâsati dhammassa avaṇṇam̃ bhâsati sam̃ghassa avaṇṇam̃ bhâsati. « Le mendiant Suppiya (Supriya) blâme le Buddha, blâme la Loi, blâme l’Assemblée[2]. » C’est dans le sens de louange que j’ai traduit le vadanti varṇam de la stance suivante, fol. 7 a. Il est clair que le sens de description n’irait pas mieux à cette stance, qu’au participe adverbial sam̃varṇya de la stance 76 ci-dessous, qui rapproché de la forme barbare sam̃stuvitvâ, ne peut avoir d’autre signification que celle de ayant loué.

f. 7 a St. 14. Des conques, du cristal.] Ces deux mots représentent le terme composé de l’original çag̃kha çilâ, qui littéralement interprété signifie conque et pierre ; et quand j’ai traduit le Saddharma puṇḍarîka, je n’avais pas le moyen de donner à mon interprétation une précision plus grande. Depuis j’ai eu l’occasion de conjecturer ailleurs que Ce composé, dont les éléments subordonnés l’un à l’autre pourraient signifier pierre de la conque, désignait la nacre de perle[3], mais je n’ai rien trouvé depuis qui confirmât cette conjecture. M. Foucaux, dans la version française qu’il vient de publier du Lalita vistara tibétain, fait des deux termes deux désignations de substances distinctes, et y voit la nacre et le cristal[4]. J’avoue que j’aimerais à pouvoir adopter cette interprétation, et je n’hésiterais pas à le faire, si je trouvais quelque preuve que çag̃kha, « la conque, » désigne aussi la nacre dont plusieurs conques sont formées, ou au moins revêtues ; car en ce qui regarde

  1. Djina alam̃kâra, f. 20 b, fin.
  2. Brahmadjâla sutta, dans Dîgh. nik. f. 1 a.
  3. Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 91, not. 1.
  4. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 54.