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CHAPITRE II.

dant immédiatement celle des sept éléments constitutifs de l’état de Bôdhi, comme peut s’en convaincre tout lecteur qui prendra la peine de recourir à l’édition de ce recueil que possède la Bibliothèque nationale. J’en dirai autant, et avec plus de raison encore, de l’énumération du Lalita vistara, laquelle ne peut être arbitraire, et où les cinq forces en question précèdent immédiatement les principes de la science d’un Buddha[1]. Or c’est exactement dans une situation semblable qu’est placé le bala de notre Lotus, puisqu’il précède les éléments constitutifs de l’état de Bôdhi. De toute façon la remarque ne me paraît pas inutile, et quelles que soient les forces qui sont comprises sous le titre collectif de bala, c’est déjà un pas de fait pour la détermination de leur nature, que de savoir que les cinq forces intellectuelles du Lalita vistara et du Vocabulaire pentaglotte précèdent les attributs dont la réunion compose la plus haute perfection d’intelligence que conçoivent les Buddhistes, et à laquelle ils donnent le nom de Bôdhi.

Je viens de définir presque complètement le terme qui succède à celui de bala, et qui est dans le texte, bôdhyag̃ga ; comme ce terme doit reparaître plus bas dans notre Lotus, il fera l’objet d’une note spéciale à l’Appendice[2].

Le terme que je traduis par contemplation, est dhyâna. J’ai écrit ce terme au pluriel, parce qu’il y a divers degrés de contemplation au nombre de quatre, qui mènent celui qui les traverse jusqu’au terme du Nirvâṇa, et parce qu’on trouve quelquefois les contemplations citées au pluriel dans notre Lotus même[3]. J’y reviendrai en détail dans un autre endroit de ces notes[4].

J’en dirai autant du terme qui suit, savoir, les affranchissements, dans le texte vimôkcha ; nous apprenons par un passage de notre Lotus même que l’on compte huit espèces d’affranchissements[5]. Je les examinerai lorsque nous serons arrivés à l’endroit où il en est parlé spécialement[6]. Quant à présent, il nous suffit, pour traduire vimôkcha par le pluriel, de suivre l’analogie à laquelle nous conduit la réunion des termes qui constituent la sixième des forces ou des puissances d’un Buddha, et qui, selon le Vocabulaire pentaglotte, est définie ainsi : sarva dhyâna vimôkcha samâdhi samâpatti sam̃djñânabalam, « la force de la connaissance de toutes les contemplations, affranchissements, méditations, acquisitions de l’indifférence. » Ces termes sont précédés du mot sarva qui se rapporte à eux tous ; ils sont rapprochés les uns des autres dans la définition de la sixième force, comme ils le sont dans le texte du Lotus de la bonne loi. De plus, à la stance 2 du chapitre qui nous occupe, on a au pluriel vimôkchâçtcha yé têchâm, « et quels sont leurs affranchissements, » comme aussi dans d’autres passages des parties versifiées de notre Lotus[7].

Ce que je traduis par les méditations est dans le texte samâdhi ; la raison que j’ai donnée pour mettre le terme précédent au pluriel s’appliquerait également à celui-ci, quand même on ignorerait quel nombre immense de méditations les Buddhistes se plaisent à attribuer à un Buddha. On les compte par millions et par myriades, et on les désigne par

  1. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 43 ; Lalita vistara, f. 22 a et b du man. A.
  2. Ci-dessous, ch. iii, f. 47 b, et Appendice, no XII.
  3. ibid. ch. iii, f. 52, st. 87.
  4. Ci-dessous, ch. v, f. 72 b, st. 41, et Append., no XIII.
  5. Ibid. ch. vi, f. 82 b, st. 22.
  6. Ibid. ch. vi, fol. 82 b, et Appendice, no XV.
  7. Ibid. ch. iii, f. 52 b, st. 87.