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CHAPITRE VIII.

CHAPITRE VIII.

f. 109 bPûrṇa se tint à part.] Je rends ainsi l’expression êkânté ou ékântam, qui est très-fréquemment employée dans le style buddhique, pour dire d’un côté, de côté, c’est-à-dire à une des places qui se trouvent dans l’enceinte, soit ouverte, soit fermée, où est assis un Buddha qui enseigne. On la trouve au commencement du Vadjra tchtchhêdika, dans cette phrase, êkânté nyachîdat, ce que I. J. Schmidt traduit par setzten sich an einer Seite[1] ; l’expression tibétaine est, phyogs-gtchig-tu[2]. Elle ne se représente pas moins fréquemment en pâli, mais toujours à l’accusatif et sous cette forme, êkam antam : on en peut voir un exemple dans une des légendes publiées par Spiegel[3]. Quant à la forme, elle est tout à fait d’accord avec l’esprit des dialectes prâkrits, où il est d’usage de résoudre dans leurs éléments les composés où figurent les pronoms ; et quant au sens que lui donnent les Buddhistes du Sud, je remarque cette traduction un peu forcée des Barmans, တင် အပ် သော အရပ် ꧳်, táng ap so arap hnoik, « dans un endroit convenable[4]. »

f. 110 a Les diverses connaissances distinctes.] Le texte se sert du terme pratisam̃vidâ lâbhî, « possesseur des pratisam̃vidâ. » On trouvera sur ce terme une note spéciale à l’Appendice, n° XVII.

f. 110 b Bhadrakalpa.] C’est ainsi que les Buddhistes nomment le Kalpa ou la période actuelle de création ; ce terme signifie le Kalpa fortuné ou le Kalpa des bienheureux, parce qu’il doit posséder cinq Buddhas. On peut voir sur cette période une note de Klaproth dans le Foe koue ki d’A. Rémusat[5]. Cette notion est commune aux Buddhistes du Sud comme à ceux du Nord ; toutefois je n’ai pas trouvé jusqu’ici de preuve positive que les Buddhistes singhalais connussent les mille Buddhas des Chinois et des Tibétains. La meilleure exposition que nous ayons des Kappas (Kalpas) d’après les Buddhistes du Sud, est celle qu’on doit à G. Turnour[6].

f. 111 aNi sexe féminin.] L’expression dont se sert le texte est mâtrĭgrâma, littéralement « collection des mères. » C’est, dans le style buddhique, une locution consacrée à désigner

  1. Vadjra tchtchhêdika, f. 3 a, comp. avec Schmidt, Ueber das Mahâyâna, dans Mém. de l’Acad. de Saint-Pétersbourg, t. iv, p. 186.
  2. Ueber das Mahâyâna, ibid. p. 128, l. 4.
  3. Anecdota pâlica, p. 26, l. 7.
  4. Suvaṇṇasâma djâtaka, ms. pâli-barman de la Bibl. nat. f. 2 b et p. 6 de ma copie.
  5. Foe koue ki, p. 245 et 246 ; ajoutez, p. 357.
  6. Mahâwanso, introd. p. xxxii et suiv. Cf. Spiegel, Anecdota pâlica, p. 62.