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CHAPITRE XI.

Société asiatique la présente sous la forme affirmative et la laisse dans la bouche du Buddha, de cette manière : « Nul ne s’est élevé contre sa parole quand il a dit : “Arrivé au degré qui est fait pour conduire hors du monde, oui il arrivera au Nirvâṇa.” » Le quatrième motif de confiance est conçu comme il suit : Sarvâçravakchayaprahâṇa djñânapratidjñârôhaṇa sadévaké lôhé ’vâivariya­pratidjñâ vâiçâradyaprâptaivâi sarvâçravakchaya prahâṇa djñânapratidjñârôhaṇa sadêvakê lôkê’vâivartyapratidjñâ vâiçâradyaprâpta ityutchyatê « Comme il a acquis la confiance dans l’assurance qu’il a donnée sans reculer devant le monde réuni aux Dêvas, où nul ne s’est élevé contre cette affirmation, qu’il possédait la science de l’abandon et de l’anéantissement de toutes les souillures du vice, on dit de lui qu’il a acquis la confiance dans cette assurance[1]. » Cette formule répond au second article de la définition du Dharma pradîpikâ. En rapprochant une à une ces quatre formules sanscrites des définitions correspondantes du pâli, on en reconnaît facilement l’objet commun, malgré la différence des termes ; je crois cependant que si pour se faire une idée claire de la théorie des quatre motifs de confiance d’un Buddha, on débutait par les énumérations verbeuses du Lalita vistara, on n’en aurait pas une notion aussi précise que celle que nous en donne l’exposé plus bref du Dharma pradîpikâ.

Les quatre richesses de l’accumulation.] Je n’étais pas sûr d’avoir traduit exactement le nom de cette catégorie, sag̃graha vastûni, pour l’intelligence de laquelle je ne possédais aucun secours, car elle ne se présente qu’une seule fois dans tout le Saddharma puṇḍarîka ; aujourd’hui la lecture du Lalita vistara doit lever tous les doutes, puisque nous y trouvons et le titre de la catégorie dite sag̃graha, et le nom des éléments qui la composent. Le seul examen de ces éléments prouve que sag̃graha doit être pris dans le sens de propitiating, « pleasing, » que lui donne Wilson ; M. Foucaux, d’après les Tibétains, adopte celui de réunion[2]. Il n’est pas facile de trouver une expression française qui représente d’une manière à la fois claire et complète les idées que résume le composé sag̃graha vastûni, c’est-à-dire, « les éléments du rapprochement, » les actes par lesquels l’homme se rapproche de son semblable, et lui devient agréable. Cependant, comme il faut traduire, je crois pouvoir m’arrêter à cette version encore un peu vague : « les éléments de la bienveillance. » Ces éléments sont énumérés par le Lalita vistara parmi les cent-huit portes de la loi. Ils ont, d’après le texte de cet ouvrage, le résultat suivant : Sattvasag̃grahâya sambôdhiprâptasyatcha dharma sampratyavêkchaṇatâyâi sam̃vartatê. « Cela conduit à la faveur des créatures, et à pénétrer complètement la loi de celui qui a obtenu la science absolue[3]. » Cette sorte de définition que j’ai traduite aussi littéralement qu’il m’a été possible, marque suffisamment la destination des quatre mérites énumérés sous le titre collectif d’éléments de la bienveillance ; c’est l’ensemble des moyens par lesquels un Buddha se rend les créatures favorables, de manière qu’éclairées par son enseignement elles se mettent en état de comprendre la loi de celui qui est arrivé à la perfection la plus élevée de l’intelligence. Le

  1. Lalita vistara, f. 226 b du man. A ; f. 225 a du man. B ; f. 229 b du m. Soc as. Je ne puis renvoyer au Rgya tch’er rol pa, où ce passage ne se trouve pas.
  2. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 45.
  3. Lalita vistara, f. 23 a de mon man. A. et 26 a du man. B.