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CHAPITRE II.

Ensuite le respectable Çâriputtra prononça dans cette circonstance les stances suivantes :

22. Aujourd’hui le Soleil des hommes répète à plusieurs reprises ce discours : « Des forces, des affranchissements et des contemplations infinies ont été touchées par moi. »

23. Tu parles de la pure essence de l’état de Bôdhi, et il n’y a personne qui t’interroge ; tu parles aussi de langage énigmatique [employé par les Tathâgatas], et personne ne t’adresse de question.

24. Tu converses sans être interrogé et tu célèbres ta propre conduite ; tu décris l’acquisition de la science, et tu parles un langage profond.

25. Aujourd’hui il me survient un doute : Qu’est-ce, me dis-je, que le langage qu’adresse le Djina à ces hommes parvenus à la puissance et arrivés au Nirvâṇa ?

26. Les Religieux et les Religieuses sollicitent l’état de Pratyêkabuddha ; les Dêvas, les Nâgas, les Yakchas, les Gandharvas, les Mahôragas, s’interrogeant les uns les autres, regardent le Meilleur des hommes ;

27. Et le doute s’est emparé de leur esprit ! Annonce donc, ô grand Solitaire, leurs destinées futures à tout ce qu’il y a ici de Çrâvakas du Sugata, sans en excepter un seul.

f. 22 a 28. J’ai atteint ici les perfections ; j’ai été instruit par le Rĭchi suprême. Il me vient cependant un doute à ce sujet, quand je vois le Meilleur des hommes assis sur son siége : Quel était donc pour moi, me dis-je, l’objet du Nirvâṇa, si l’on m’enseigne encore le moyen d’y parvenir ?

29. Fais entendre ta voix ; fais résonner l’excellente timbale ; expose la loi unique telle qu’elle est. Ces fils légitimes du Djina ici présents, et qui regardent le Djina, les mains réunies en signe de respect ;

30. Et les Dêvas, les Nâgas, avec les Yakchas et les Râkchasas, qui sont réunis par milliers de kôṭis, semblables aux sables du Gange ; et ceux qui sollicitent l’excellent état de Bôdhi, rassemblés ici [et] formant un millier de kôṭis ;

31. Et les Râdjas, les maîtres de la terre, les souverains Tchakravartins, qui sont accourus quittant des milliers de kôṭis de pays, tous rassemblés ici les mains réunies en signe de respect, et pleins de révérence, [tous se disent :] Comment accomplirons-nous les devoirs de la conduite religieuse ?

Cela dit, Bhagavat parla ainsi au respectable Çâriputtra : Assez, ô Çâriputtra ; à quoi bon exposer ce sujet ? Pourquoi cela ? C’est que ce monde avec les Dêvas s’effrayerait, ô Çâriputtra, si le sens en était expliqué.

Cependant le respectable Çâriputtra s’adressa pour la seconde fois à