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APPENDICE. — No II.

compris les Samaṇas et les Brâhmanes, les Dêvas et les hommes, il le pénètre complétement ; il enseigne la loi qui est fortunée au commencement, au milieu et à la fin ; il l’enseigne entière, complète, achevée, avec son sens et ses caractères ; il expose les règles de la conduite religieuse. Cette loi est entendue par le maître de maison, ou par le fils du maître de maison, ou par un homme inférieur né dans une famille quelconque[1]. L’un de ces hommes ayant entendu cette loi, éprouve des sentiments de foi pour le Tathâgata. Doué de ces sentiments de foi, il se répète plusieurs fois à lui-même : C’est un chemin plein d’obstacles[2] que le séjour de la maison ; au contraire, c’est la route royale, c’est l’espace même que l’état de Religieux. Ce n’est pas chose facile pour celui qui habite dans une maison que de pratiquer les devoirs de la vie religieuse d’une manière absolument parfaite, absolument accomplie, entièrement pure[3]. Pourquoi donc, après avoir rasé mes cheveux et ma barbe, et revêtu des habits de couleur jaune, ne sortirais-je pas de la maison pour entrer dans la vie religieuse ? Puis, dans un autre temps, cet homme ayant abandonné soit une petite, soit une grande masse de jouissances, ayant abandonné soit un petit, soit un grand entourage de parents, ayant rasé ses cheveux et sa barbe, et revêtu des habits de couleur jaune, sort de la maison pour entrer dans la vie religieuse. Une fois devenu Religieux, il passe sa vie retenu par les défenses que renferme le Pâṭimokkha. En possession du domaine des bonnes pratiques, voyant du danger dans la moindre des choses qu’on doit éviter, il s’instruit, après les avoir reçus, dans les préceptes de la morale, soutenant sa vie par des moyens parfaitement purs, plein de moralité, tenant fermée la porte de ses sens, doué de souvenir et de conscience, satisfait de tout ce qui se présente, * tel est le Religieux doué de moralité. *[4]

« Et comment, grand roi, le Religieux est-il doué de moralité ? Ici-bas, grand roi, le Religieux ayant renoncé à ôter la vie à rien de ce qui a vie, a de l’aversion pour toute idée de meurtre. Il dépose le bâton, il dépose le glaive, il est plein de modestie et de pitié ; il est compatissant et bon pour toute vie et toute créature[5]. Quand le Religieux

    constance de cette suppression de la syllabe finale ya prouve que cette licence est autorisée, au moins pour les participes adverbiaux en ya ; et, dans le fait, Clough la signale au commencement de sa Grammaire pâlie, en l’attribuant au besoin de faciliter la prononciation : l’exemple qu’il cite est paṭisam̃khâ pour paṭisam̃khâya, « ayant réfléchi. » (Clough, Pâli Gramm. p. 16.)

  1. Le texte dit, am̃ñatarasmim̃vâ kulê patchtchhâdjâtô ; je traduis le dernier mot dans le sens du singhalais patchhayâ, « homme de basse caste. »
  2. Je lis sam̃bâdhô, au lieu de sabbâdhô que donne le texte.
  3. Le texte du Subha sutta donne sam̃khalikhitam̃, ce qui rappelle le nom des deux législateurs brâhmaniques Sam̃kha et Likhita. (Stenzler, Indische Studien, t. I, p. 240.) Mais telle ne doit pas être la véritable leçon ; car outre que ces deux législateurs ne paraissent avoir rien à faire ici, si on les avait cités comme ayant quelque rapport avec la conduite religieuse, brahmatchariyam, leur nom serait employé en manière d’adjectif, avec une forme quelconque de dérivation. D’ailleurs ce même morceau, à la place où il se présente dans le Sâmañña phala sutta, p. 17 a de mon manuscrit, donne cette autre leçon, sam̃khalitam̃ au lieu de sam̃kkalikhitam̃. Je suppose que sam̃khalita vient du sanscrit kchal, « laver. »
  4. Les phrases renfermées entre deux étoiles appartiennent au Subha sutta, ainsi que je l’ai dit en commençant, ci-dessus, p. 448.
  5. À partir de cette phrase jusqu’au paragraphe sur les rois Kchattriyas (p. 471), le texte de ce Sutta ne fait guère que reproduire celui du Brahma djâla sutta. (Dîgha nikâya, f. 1 b fin, jusqu’à f. 4 a.)