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APPENDICE. — No II.

cité et de longueur. Il éprouve de l’aversion à pratiquer les voies tortueuses, la fraude, la ruse et les actions blâmables. Il n’aime pas à trancher, à frapper, à serrer dans des liens, à gratter, à couper, à faire des actes de violence[1].

« * Quand le Religieux, jeune Brâhmane, n’aime pas à trancher, à frapper, à serrer dans des liens, à gratter, à couper, à faire des actes de violence, cela même lui est compté comme vertu. *

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, s’occupent à détruire quelque chose de ce qui appartient à la collection des germes ou à celle des êtres, par exemple un germe de racine, un germe de tige, un germe de rejeton, un germe de tête, un germe de graine, ce qui forme la cinquième espèce de germe ; lui au contraire il a de l’aversion pour détruire ainsi quelque chose de ce qui appartient à la collection des germes ou à celle des êtres ; cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, s’appliquent à jouir de la présence des choses qui suivent, par exemple de la présence d’aliments, de celle de boissons, de vêtements, de chars, de lits, de parfums, * de viandes ; lui au contraire il a de l’aversion pour jouir de la présence de pareilles choses. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, s’appliquent à aller voir de tels spectacles[2], par exemple des danses, des chants, des concerts, des représentations dramatiques, des récits, de la musique jouée avec les mains, des bardes, des poteaux et des jarres[3], des Tchaṇḍâlas qui font des tours d’adresse[4], des joueurs de bâton[5], des combats d’éléphants, de chevaux,

  1. Dans le Brahma djâla sutta, cette partie du texte a le titre de « Fin des règles fondamentales de moralité, » Mûlasîlam̃ niṭṭhitam̃.
  2. Je traduis ainsi visûkadassanam̃, d’après le sens qu’a en singhalais vîsûka, « représentation dramatique » (Clough, Singhal. Diction., t. II, p. 665, et ci-dessus, p. 444) ; mais je dois avertir que l’interprète barman du Pâṭimôkkha entend tout autrement ce terme et le traduit ainsi : « la vue de ce qui est comme les épines de la sainte loi, savoir, la danse, etc. » (Pâṭimôkha, f. 62 a du man. de la Biblioth. nat. et p. 588 de ma copie.) C’est là du moins la seule manière dont je puisse comprendre cette glose où le terme ngróng (épine, selon Judson), a peut-être un autre sens. La valeur de « représentation dramatique » sort assez bien de celle du radical sûtch, « indiquer, exprimer ; » vîsûka revient à dire « ce par quoi on exprime, on manifeste des sentiments. »
  3. Ici encore le texte est obscur pour moi ; kumbhathûnam̃ donne littéralement le sens que j’ai adopté ; mais ce sens ne nous apprend rien sur la nature de la représentation dont il s’agit ; faut-il traduire, « des poteaux surmontés de jarres, » peut-être pour servir de but, ou prendre kumbha dans le sens du singhalais kamha, « mât, » et dire, « des poteaux dressés comme des mâts ? »
  4. Ce sens est fort douteux, parce qu’au lieu de lire comme le Sâmaññaphala le fait, sôbhana karakam, qui semble se rapporter au mot suivant tchaṇḍâlam̃, le Brahma djâla lit en cet endroit sôbhanagarakam̃. Ce dernier composé rappelle le mot de nagarasôbhini, « la belle de la ville, » ou « la courtisane, » comme on sait qu’il en existait dans les grandes villes de l’Inde et notamment à Vâiçâlî, du temps de Çâkya. Le sôbhanagaraka du Brahma djâla, malgré le déplacement des termes sôbha et nagaraka dont il se compose, se prête peut-être à la même explication. D’après cette supposition, il faudrait traduire : « les beautés de la ville, les Tchaṇḍâlas. »
  5. Je ne suis pas certain de la véritable signification de ce terme vam̃çadhôvanam̃ ; en tirant dhôvana de dhû, on traduira : « l’action d’agiter un bam-