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APPENDICE. — No II.

à Bhagavat : Pendant que nous nous promenions, ô Gôtama, pendant que nous marchions dans le Vihâra de Djag̃ghâ, une discussion s’est élevée entre nous sur ce qui est ia voie, et sur ce qui ne l’est pas. Moi je disais : C’est là seulement la droite voie, c’est là seulement la véritable route, la route de la délivrance qui conduit celui qui la pratique à s’unir avec Brahmâ ; cette voie a été enseignée par le Brâhmane Pôkkharasâdi. Ce Brâhmane, descendant de Bharadvâdja, parlait ainsi : C’est là seulement la droite voie, c’est là seulement la véritable route, la route de la délivrance qui conduit celui qui la pratiqué à s’unir avec Brahmâ ; cette voie a été enseignée par le Brâhmane Târukkha. Alors, à Gôtama, il s’est élevé là-dessus une discussion, une dispute, une querelle. Il est donc vrai, [dit Bhagavat,] ô descendant de Vasiṭṭha, que tu parles ainsi : C’est là seulement la droite voie, c’est là seulement la véritable route, la route de la délivrance qui conduit celui qui la pratique à s’unir avec Brahmâ ; cette voie a été enseignée par le Brâhmane Pôkkharasâdi, et que le descendant de Bharadvâdja parle ainsi : C’est là seulement la droite voie, c’est là seulement la véritable route, la route de la délivrance qui conduit celui qui la pratique à s’unir avec Brahmâ ; cette voie a été enseignée par le Brâhmane Târukkha. Mais, ô descendant de Vasiṭṭha, sur quel point s’est élevée entre vous cette discussion, cette dispute, cette querelle ? — Sur la voie et sur ce qui n’est pas la voie, ô Gôtama. Est-ce qu’on ne nomme pas, ô Gôtama, les Brâhmanes d’après les voies diverses qu’ils suivent, comme les Brâhmanes Addhariyâ (Adhvaryu], les Brâhmanes Tittiriya (Tâittirîya), les Brâhmanes Tchhandôka (Tchhandôga), les Brâhmanes Tchhandava[1], les Brâhmanes Brahmatchâriya (Brahmatchârin) ? Ce sont là autant de routes de la délivrance qui conduisent celui qui les pratique à s’unir avec Brahmâ. C’est, ô Gôtama, comme s’il y avait, non loin d’un village ou d’un bourg, beaucoup de routes diverses, et que ces routes vinssent toutes aboutir à ce village ; de la même manière, ô Gôtama, est-ce qu’on ne nomme pas les Brâhmanes par les voies diverses qu’ils suivent, comme les Brâhmanes Addhariyâ, Tittiriya, Tchhandôka, Tchhandava, Brahmatchâriya ? ce sont là autant de routes de la délivrance qui conduisent celui qui les pratique à s’unir avec Brahmâ. — Tu dis qu’elles conduisent là, ô descendant de Vasiṭṭha ? — Oui, Gôtama, je dis qu’elles conduisent là même. — Tu le dis, descendant de Vasiṭṭha ? — Oui, Gôtama, je le dis. — Mais, ô descendant de Vasiṭṭha, est-il un seul Brâhmane parmi ceux qui possèdent la triple science (les trois Vêdas), qui ait vu Brahmâ face à face ? — Non certes, Gôtama. — Mais, ô descendant de Vasiṭṭha, est-il un seul maître de ces Brâhmanes possédant la triple science qui ait vu Brahmâ face à face ? — Non certes, Gôtama. — Mais, descendant de Vasiṭṭha, est-il un maître d’un seul maître de ces Brâhmanes possédant la triple science qui ait vu Brahmâ face à face ? — Non certes, Gôtama. — Mais, ô descendant de Vasiṭṭha, y a-t-il, dans un grand cycle formé de sept générations de maîtres[2], un seul maître de ces

  1. Peut-être est-ce une altération de Tâṇḍava.
  2. Je ne suis pas sûr d’avoir traduit exactement l’expression du texte yâvasattamâ âtcharyamahâyugâ. Il est certain qu’on ne peut pas penser ici au Mahâyuga ou au grand Yuga des Purânistes, car je n’ai jamais rencontré dans les anciens Suttas la mention de cette période ou des divisions dont elle se compose ; mais yuga (dans le mahâyuga du texte) peut signifier couple : ce sens, toutefois, ne paraît pas convenir ici aussi bien que celui d’âge, cycle.