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APPENDICE. — N° VIII.

dans la pierre, mais il fait saillie à la base du front en formant une élévation circulaire sur sa surface ; c’est ce qu’indique clairement l’examen du profil reproduit dans un des dessins de Raffles[1]. M. G. de Humboldt, qui s’est livré sur ce sujet à une discussion conduite avec sa sagacité et sa circonspection habituelles, ne pouvait méconnaître la signification élevée de ce caractère ; en effet quand il s’agit de représentations aussi peu ornées que le sont celles des Buddhas, le moindre signe peut avoir une valeur considérable[2]. Rapprochant de ce caractère signalé sur les statues javanaises la représentation d’un Tchâitya népalais, à la base duquel sont les linéaments d’un visage humain[3], et où il croit retrouver la figure de ce célèbre cheveu de Çâkya, qui joue un si grand rôle dans les légendes, M. de Humboldt pense que le cercle frontal des statues de Buddha pourrait bien n’être que l’image de ce cheveu lui-même. Dans la représentation de signes de ce genre, où tout est à peu près conventionnel, l’apparence extérieure est d’une importance secondaire pour l’appréciation de l’objet réel qu’on a voulu figurer. On doit cependant convenir que le trait dessiné entre les yeux du Tchâitya n’est pas sans analogie avec la forme d’un cheveu s’enroulant à son extrémité supérieure. Mais que ce signe soit à cause de cela identique avec le rond ou le cercle qui distingue le front des statues de Java, c’est un point qui ne me parait pas également démontré. Je remarque en, outre que parmi les trente-deux signes de la grandeur humaine que nous étudions en ce moment, le cheveu si Ayante n’est pas nommé une seule fois. Il n’en est pas de même du cercle de poils doux et blancs dont toutes les énumérations reconnaissent également l’existence. Cette circonstance me décide à le voir sur les statues javanaises ; cependant je me garderai bien d’être tout à fait affirmatif en ce point, et parce que je ne connais ces statues que par des dessins considérablement réduits, et parce que j’hésite toujours à m’éloigner du sentiment de M. de Humboldt, quand il s’agit d’un sujet sur lequel.il a porté la lumière de son esprit pénétrant.

5. Gôpakchmanêtraḥ ; V6 gôpakcha ; Lc22, L30, M2g, D30 gôpakhumô. Ce caractère signifie, « Il a les cils comme ceux de la génisse. » C’est exactement de cette manière que l’entendent les Tibétains. Le Vocabulaire pentaglotte l’écrit d’une façon très-fautive, et qui ne pourrait signifier que ceci, « Il est du parti de la génisse. » M. A. Rémusat le traduisait par » les paupières comme le roi des éléphants, « j’ignore sur quelle autorité[4]. Les quatre listes pâlies de Ceylan sont ici, comme dans le plus grand nombre de cas, d’accord pour l’orthographe comme pour la place de ce caractère : gôpakhumô est exactement le pâli du sanscrit gôpakchman.

6. Abhinîlanêtraḥ ; V5 àbhinâlanêtra ; HSa abhinilanétratâ ; Lc2l, L29, M28, D29 àbhinîlanéttô. Ce caractère signifie, « Il a l’œil d’un noir foncé. » Les Tibétains l’exagèrent un peu en traduisant, « Il a l’œil grand, blanc et noir ; » A. Rémusat le reproduisait avec plus

  1. History of Java, t. II, p. 56 et suiv. et Humboldt, Veber die Kawi-Sprache, t. 1, p. 128.
  2. Ueber die Kawi-Spracke t. 1, p. 128 et 129.
  3. Hodgson, dans Transact. of the Roy. asiat. Soc. of Great-Britain, t. II, pl. III.
  4. Mél. asiat. t. I, p. 169.