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APPENDICE. — N° VIII.

le Vocabulaire pentaglotte, et manque dans la liste du Dharma saggraha népalais, peut-être par un oubli du copiste.

5. Tchitrâggnlih ; V6 pariaggulih ; H4 tchhatrâggulitâ ; Ti tchitâggulitâ. Ce caractère signifié, « Il a les doigts beaux ; » mais la variété des leçons que présentent nos quatre listes me laisse dans l’incertitude sur le sens véritable. Le Lalita vistara a tchitra aggulih, composé qui n’est guère susceptible d’un autre sens que de celui que je propose. Cependant les Tibétains, d’après la traduction de M. Foucaux, y voient le sens de long, pour lequel on attendrait dîrgha. La leçon du Dharma pradîpikâ singhalais donne lieu à cette incertitude particulière, que si tchita est le substitut de tchitra, c’est ichitta qu’on devrait écrire ; et qu’au contraire, si tchita est la leçon régulière, on pourrait le traduire par couvert, plein, comme j’ai proposé de le faire pour le n° 16 des signes dits Lakchanas qui se rapporte aux épaules[1], de cette manière, « il a les doigts pleins ; » mais je crains qu’on n’objecte que ce sens rentre presque complètement dans la définition des doigts arrondis du n° k’J’avoue que je ne puis rien faire de la leçon de la liste népalaise tchhatrâggnlih, <i il a les doigts en forme de parasol. » Faut-il voir ici une allusion à ces doigts réunis par une sorte de membrane, dont il semble que parlent les Tibétains, mais dont j’ai suspecté plus haut la réalité ? Je ne le pense pas, et j’aime mieux supposer que tchhatra est une faute de copiste pour tchitra. Enfin que devra-t-on faire du pariaggulih du Vocabulaire pentaglotte ; que Rémusat proposait de traduire par « doigts ronds[2] ? » C’est uniquement par conjecture que je place ici cet énoncé ; mais le Vocabulaire pentaglotte s’accordant sur les autres caractères tirés de cette partie du corps avec les trois listes collatérales, pariaggulih doit remplir la place vacante de tchitrâggnlih.

6. Anupurvatchitrâqgulih ; V5 anùpûrvaggulih ; H5 anupûrvâggulitâ ; J)2 anapabbaggulitd. Ce caractère signifie, « Il a les doigts effilés, » comme l’ont bien vu les Tibétains ; mais en traduisant ainsi, j’omets le mot tchitra, qui suit anapûrva et qui fait répétition avec le n° 5, lequel, ainsi qu’on l’a vu, donne lieu à quelques difficultés. Pour traduire exactement le n° 6 du Lalita vistara, il faudrait dire : « Il a les doigts beaux et effilés. » Cependant, comme le Lalita vistara est seul à répéter le mot tchitra, je crois qu’il est nécessaire de l’omettre dans une traduction destinée a reproduire systématiquement l’ensemble des caractères secondaires dits Anuvyaiidjona. Et à ce sujet je dirai que cette répétition du mot tchitra ne doit pas étonner en ce qui touche le Lalita vistara, qui est moins une énumération systématique des quatre-vingts signes secondaires de beauté, que la description suivie et jusqu’à un certain point oratoire de l’homme qui possède ces caractères. C’est là une remarque qu’il ne faut pas perdre de vue, parce que c’est ainsi qu’a dû commencer l’énumération de ces caractères : on en a parlé longtemps par tradition avant de les cataloguer d’une manière régulière ; et des listes comme celles du Dharma saggraha et du Dharma pradîpikâ sont certainement postérieures à des textes comme ceux du Lalita vistara. On comprend alors que les répétitions qui pouvaient s’être glissées dans les textes ont dû néces-

  1. Voy. ci-dessus, p. 568.
  2. Mélanges asiat. t. 1, p. 170.