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APPENDICE. — N° VIII.

l’observation que j’ai déjà faite et plusieurs fois répétée sur le caractère peu systématique de l’exposé du Lalita vistara[1].

20. Gadjagardjitâbhistanitamêghasvara madhura mandja ghôçha ; V53 et 54 djvamutaghôchah, tchârasvarah ; H51 et 53 méghagardjitaghôchatâ, madharatchârumandjusvaratâ. Ce caractère signifie : « Sa voix douce" et belle a le son du cri de l’éléphant ou du nuage « qui tonne. » M. Foucaux traduit également. dans ce sens d’après le Lalita vistara tibétain. Nos deux autres listes disent la même chose avec un peu plus de précision et aussi plus de netteté. De ce caractère unique elles font deux attributs, de cette manière:« L’état d’avoir la voix semblable au grondement du nuage ; l’état d’avoir une voix douce, agréable et belle ; » la vraisemblance veut en effet que ces attributs soient distingués les uns des autres. Le Vocabulaire pentaglotte nous donne l’expression la plus concise ; seulement il est singulièrement incorrect en lisant djvamata, au lieu de djîmûta, « nuage. » La liste singhalaise omet ces deux caractères.

21., Paripârnavyandjanah ; V24 paripârnavyafidjanah ; H23 paripûrnavyandjanatâ; D15 paripunnapurchavyandjanatâ. Ce caractère signifie : « Il a les organes sexuels complets. » Les Tibétains traduisent : « Il a les marques secondaires parfaites et accomplies[2]. » Mais ce qui prouve que vyañdjana ne peut avoir ici le sens de anuvyañdjana, « marque secondaire, » c’est la leçon de la liste singhalaise qui ajoute purcha pour paracha, « les organes du sexe masculin. »

22. Pralambabâhuh ; V41 sihitâdjnanavanatapralarnbdhulâh. Ce caractère signifie : « Il a les bras longs ; » le Vocabulaire pentaglotte le développe et l’explique de cette manière : « Debout et sans qu’il se baisse, ses bras touchent à ses genoux. » Je n’hésite pas à reconnaître dans le texte confus et fautif du Vocabulaire pentaglotte, l’expression même qui forme le dix-huitième des signes caractéristiques d’un grand homme. J’ai déjà fait plus haut ce rapprochement[3], et j’ai montré que le Vocabulaire pentaglotte avait rejeté parmi les quatre-vingts Anuvyañdjanas l’un des trente-deux Lakchanas. Cette conjecture est pleinement confirmée, aujourd’hui que nous voyons la liste népalaise et celle des Singhalais omettre de l’énumération des Anuvyañdjanas un attribut que le Lalita et le Vocabulaire y placent à tort.

23. Çutckigâtrah vastusampannah ; V21 sûtchigâtrah ; H20 çutchigâiratâ ; D60 vimala gattatâ. Ce caractère signifie, « Ses membres brillants sont vêtus ; » suivant les Tibétains, « Tous les vêtements de son corps sont purs. » La manière dont se présente ici le texte du Lalita vistara annonce deux articles qu’il faudrait traduire ainsi : « Il a les membres brillants ; il est couvert de vêtements : » en effet, dans le texte même de nos manuscrits, chacun des quatre-vingts caractères est suivi de la conjonction tcha ; or cette conjonction est répétée ici après le premier comme après le second terme. Mais outre que les interprètes tibétains ne

  1. Voy. ci-dessus, p. 585.
  2. Ṛgya tch’er rol pa, t. II, p. 109.
  3. Ci-dessus, n° 18 : p. 569.