Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/67

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Cela dit, Bhagavat répondit ainsi au respectable Çâriputtra : Ne t’ai-je pas dit précédemment, ô Çâriputtra, que le Tathâgata, vénérable, etc., ayant reconnu les dispositions des créatures qui ont des inclinations diverses, dont les éléments comme les idées sont divers, enseigne la loi à l’aide de l’habile emploi des moyens, tels que les démonstrations et les instructions variées, les raisons, les motifs, les comparaisons, les arguments faits pour convaincre, les interprétations de divers genres ? Commençant par l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, il fait entrer [les êtres] dans le véhicule même des Bôdhisattvas au moyen des diverses expositions de la loi. Cependant, ô Çâriputtra, je te proposerai encore une parabole, dans le but d’exposer ce sujet plus amplement. Pourquoi cela ? Parce que c’est par la parabole que les hommes pénétrants de ce monde comprennent le sens de ce qu’on leur dit.

C’est, ô Çâriputtra, comme s’il y avait ici, dans un certain village, dans une ville, dans un bourg, dans un district, dans une province, dans un royaume, dans une résidence royale, un chef de maison âgé, vieux, cassé, arrivé à un âge très avancé, riche, ayant une grande fortune, de grands moyens de jouissances et possesseur d’une maison grande, élevée, étendue, bâtie depuis longtemps, dégradée ; que cette maison soit la demeure de deux, de trois, de quatre ou de cinq cents êtres vivants, et qu’elle n’ait qu’une porte ; qu’elle soit couverte de chaume ; que ses galeries s’écroulent ; que les fondements de ses piliers soient pourris et détruits ; que l’enduit qui recouvrait les murs et les portes soit dégradé par le temps. Que cette maison tout entière soit subitement embrasée de tous côtés par un grand incendie. Que cet homme ait beaucoup d’enfants, cinq, dix ou vingt, et qu’il soit sorti de sa maison.

Maintenant, ô Çâriputtra, que cet homme, voyant sa maison tout entière complètement embrasée par un grand incendie, soit effrayé, épouvanté, hors de lui, et qu’il fasse cette réflexion : Je suis assez fort pour sortir rapidement, pour m’enfuir en sûreté par la porte de cette maison embrasée, sans être touché, sans être brûlé par l’incendie ; mais mes enfants, si petits, si jeunes, dans cette maison en feu, jouent, s’amusent, se divertissent à différents jeux. Ils ne connaissent pas, ils ne s’aperçoivent pas, ils ne savent pas, ils ne pensent pas que cette maison est en feu. et ils n’en éprouvent pas de crainte. Quoique brûlés par ce grand incendie, et quoique