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APPENDICE. — N° VIII.

ciété asiatique de Londres. Je ne dirai que quelques mots des différences que présentent entre elles ces diverses autorités. La première porte sur le nombre des signes dont le Dharma pradîpikâ compte soixante-cinq, Baldæus soixante-huit, et la liste de Low quatre-vingt-seize. Low nous apprend lui-même que parmi les empreintes assez nombreuses que l’on dit exister dans le Laos et dans le pays des Barmans, on remarque des différences dans l’ordre et dans le nombre des signes[1]. Cette observation doit rendre moins étonnante à nos yeux la divergence que nous remarquons ici entre une liste de Siam, une liste de Ceylan et une empreinte figurée due à un artiste siamois. Un examen rapide suffit d’ailleurs pour constater que la liste de Low ne fait que dédoubler des définitions qui se trouvent déjà chez les Singhalais. Les cas où elle admet un symbole nouveau et qu’on retrouve figuré sur l’empreinte elle-même, ont moins de valeur que les dédoublements. Mais ce qui devra frapper le lecteur, c’est l’analogie qu’offre la liste recueillie en i654 par les Hollandais à Siam avec celle du Dharma pradîpikâ. Cette analogie est telle, que les figures se suivent presque régulièrement dans le même ordre sur l’une et l’autre liste. Sur les soixante-cinq définitions du Dharma pradîpikâ, l’énumération de Baldæus en donne cinquante-six. Les neuf autres, qu’on ne retrouve pas dans le Dharma pradîpikâ, ou sont des dédoublements de symboles déjà existants dans l’une et l’autre liste, ou reparaissent parmi les symboles ajoutés par l’énumération de J. Low.

Afin d’achever d’éclaircir ce sujet, je vais passer en revue les articles du commentaire de J. Low qui paraissent devoir rentrer dans des symboles déjà exprimés, pour m’occuper ensuite des symboles réellement nouveaux. Ainsi le Touhai lakchai, ou étendard royal, n° 7 de la liste siamoise, fait double emploi avec un des articles 4o ou 4i de la liste singhalaise, articles qui sont consacrés aux symboles de l’étendard et du drapeau. Sur l’empreinte même il paraît en réalité trois sortes distinctes de drapeaux ; mais on s’explique sans peine comment il se fait qu’un artiste siamois ait été conduit à introduire parmi les deux signes que fournissaient déjà des autorités écrites, l’étendard national de ses rois.

Le n° 10 de Low, Banlangko, qui est défini « la couche de pierre ou le siége d’un Buddha, » est une mauvaise orthographe du pâli pallag̃ka pour le sanscrit paryag̃ka. Ce mot ne désigne pas seulement une manière de s’asseoir bien connue, laquelle consiste à ramasser les jambes sous le corps dont le buste reste droit, ainsi que je l’ai déjà montré plus haut[2] ; il signifie encore un bois de lit[3], et par extension, un lit ; c’est cette dernière acception qu’exprime, avec une altération d’orthographe, le Banlangko des Siamois. Si tel est le sens de ce terme, cet article devra rentrer dans celui qui le précède, le symbole du siége, Pî thâ kang pour Pîtha. Si l’on aime mieux prendre Banlangko dans le sens de palanquin, il faudra y voir un dédoublement du n° 42 des Singhalais, relatif à la litière d’or.

Le n° 21 de Low, Thawâwî sahatsa parivârâ, qu’on interprète ainsi, « les deux mille Dvîpas inférieurs ou îles qui entourent les quatre grands Dvîpas, » doit certainement rentrer dans la définition des quatre grandes îles, selon le n° 30 de la liste singha-

  1. Transact. etc. t. III, p. 71.
  2. Ci-dessus, chap. i, f.12 b, p. 334.
  3. Amarakocha, liv. II, chap. vi, sect.3, st.39 ; éd. Loiseleur, p. 158.