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APPENDICE. — N° XXI.

quand elle sera terminée que la critique pourra commencer sûrement et en toute liberté le travail de rapprochement et d’analyse qu’elle seule peut exécuter.

Mais de ce qu’il ne nous est pas permis d’atteindre au but, nous serait-il interdit d’essayer de l’entrevoir ? Et parce que nous ne possédons pas encore tous les matériaux nécessaires pour cette recherche, serions-nous dispensé de faire usage de ceux qui sont entre nos mains ? Je ne le pense pas ; et malgré l’insuffisance des documents que j’ai été à même de recueillir jusqu’à ce jour, j’ai cru que je ferais bien de clore ces notes déjà bien longues par l’exposition de quelques textes appartenant à la collection sanscrite et à la collection pâlie, dans lesquels j’ai reconnu de idées identiques exprimées par des formes et dans un idiome différents. L’examen de ces passages donnera une idée approximative de ce qu’on pourrait attendre d’un travail d’ensemble exécuté sur un plus grand nombre d’ouvrages. J’ai d’ailleurs rencontré plus d’une occasion, en rédigeant les notes destinées à éclaircir quelques termes douteux ou difficiles du Lotus de la bonne loi, de comparer aux mots sanscrits de ce texte les mots analogues de passages écrits en pâli que me signalaient mes lectures ; mais je n’ai pas toujours eu besoin de citer les passages mêmes qui me fournissaient ces mots. Je compte compléter ici cette comparaison en alléguant les textes eux-mêmes ; j’y joindrai de plus quelques fragments, ou seulement quelques termes isolés qui n’ont pas pu prendre place dans mes notes, et qui cependant méritent de paraître aux yeux du lecteur sous la double forme que leur ont donnée les livres du Nord écrits en sanscrit et les livres du Sud écrits en pâli.

Pour mettre quelque ordre dans cette exposition, je diviserai en plusieurs groupes les textes que j’ai l’intention de reproduire, en les distribuant d’après les objets auxquels ils se rapportent. Ainsi, dans un premier groupe, j’énumèrerai divers passages relatifs au Buddha, à son apparition sur la terre, à ses qualités intellectuelles et morales. Dans un second groupe, j’indiquerai diverses catégories philosophiques dont on trouve la définition dans les deux collections. Dans un troisième, je traiterai de quelques circonstances miraculeuses ou peu ordinaires, et dans un quatrième, enfin, je signalerai des textes ou des mots relatifs à des faits de la vie commune.


SECTION Ire.
DU BUDDHA, DE SON APPARITION ET DE SES VERTUS.

1. Je commencerai cette revue par un passage répété plus d’une fois dans les textes, et qui est relatif à la manière dont était accueilli le Buddha, lorsqu’on apprenait qu’il venait d’arriver dans un pays où il n’avait pas encore paru. Quoique j’aie déjà traduit ce passage dans l’Introduction à l’histoire du Buddhisme indien[1], et que j’aie eu l’occasion d’analyser, dans le cours de ces notes mêmes, plusieurs des expressions qui y figurent, je crois nécessaire de le donner ici en entier pour qu’on puisse l’examiner sous l’une et

  1. T. I p. 90