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APPENDICE. — N° XXI.

djanam̃, avec son sens, avec ses lettres ; » j’ai examiné déjà en détail cette variante et la nouvelle interprétation qu’elle entraîne avec elle, je n’y reviendrai pas ici^^1. Le morceau est terminé par une courte phrase qui n’en fait pas nécessairement partie et qui signifie : « elle est certainement bonne la vue de personnages aussi vénérables. » Je l’ai laissée à cette place, comme je la trouvais dans le manuscrit, parce que je suis intimement convaincu qu’on la rencontrerait également dans les livres du Népal. Je remarquerai en outre que pour traduire panicha damya saraf/u’ par n domptant l’homme comme un jeune « taureau, » je m’appuie sur le sens du sanscrit iamva, d’après Wilson, et du pâli damma, d’après Clough^^2 ; c’est dans le même sens que M. Wilson commente cette expression, quand il la traduit ainsi : « The curber of the wild steeds of human faults^^3. »

Nous ne devons pas, du reste, être surpris de rencontrer ce texte dans les deux collections buddhiques du Népal et de Ceylan ; car il exprime, par la série d’épithètes qu’il embrasse, l’opinion des premiers disciples sur les .perfections du maître. À ce titre, il ne pouvait pas plus manquer à l’une qu’à l’autre. Les commentaires qui doivent élucider chacun de ces titres donneraient, si nous les possédions tous, une plus grande importance à cette énumération ; ils en feraient une sorte de compendium des perfections du Buddha, perfections qui sont couronnées par la plus haute de toutes, savoir la connaissance approfondie de l’univers. Maintenant est-il possible de dire lequel de ces deux énoncés a été emprunté à l’autre, ou même qu’un tel emprunt ait réellement eu lieu.^ J’avoue que je n’ai aucune donnée positive à cet égard, et qu’il me serait aussi difficile de démontrer que le texte pâli a été calqué sur le sanscrit que de faire voir que le texte sanscrit est le remaniement artificiel du texte pâli. À suivre uniquement l’ordre de développement des deux idiomes, le texte sanscrit devrait être antérieur au texte pâli ; mais il serait bien possible que ces deux rédactions eussent été à peu près contemporaines dans l’Inde et qu’elles y eussent déjà eu cours dès les premiers temps du Buddhisme, avant les événements qui l’ont transporté à Ceylan. La rédaction pâlie aurait été populaire parmi les castes inférieures et le gros du peuple du Magadha et du pays d’Aoude ; la rédaction sanscrite, au contraire, aurait été usitée parmi les Brahmanes. Nous n’aurions cependant pas le droit de penser que nous possédons dans le texte pâli la rédaction authentique de ce morceau sous sa vraie forme mâghadie, puisque la comparaison des inscriptions indiennes d’Asôka et du pâli de Ceylan signale quelques différences entre les formes de ces deux dialectes. Mais, en tenant compte de ce que la culture du pâli à Ceylan y a pu introduire de régularité factice, la rédaction pâlie de notre passage doit être très-rapprochée .de la forme qu’il a dû avoir en mâghadî, et nous pouvons nous flatter de posséder l’ancienne et authentique opinion des Buddhistes sur le point important de la renommée répandue parmi le peuple touchant les principales perfections du Buddha.

2. Je passe maintenant à un sujet qui tient au précédent, c’est-à-dire à la formule par laquelle les textes buddhiques décrivent l’entrée du Buddha dans la vie religieuse. Elle

1 Ci-dessus, p. 330 et 331.

2 Abhidh. ppadip. liv. II, chap. vi, st. 50.

3 Asiat. Res. t. XVI, p. 476 et 477.