Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/93

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prudent le serre dans ses bras [en lui disant] : Oui, tu fais bien ton ouvrage ici ; tu es certainement mon fils, il n’y a là aucun doute.

28. De cette manière, il le fait peu à peu entrer dans sa maison, et il l’y emploie à son service ; et au bout de vingt années complètes, il parvient à lui inspirer de la confiance.

29. Le riche, cependant, cache dans sa maison son or, ses perles, ses pierres précieuses ; il fait le calcul de tout cela, et pense à toute sa fortune.

30. Mais l’homme ignorant qui habite seul dans la hutte en dehors de la maison, ne conçoit que des idées de pauvreté : Pour moi, [se dit-il,] je n’ai aucune jouissance de cette espèce.

31. Le riche connaissant ses dispositions [nouvelles, se dit] : Mon fils est arrivé à concevoir de nobles pensées. Puis ayant réuni ses parents et ses amis, il leur dit : Je vais donner tout mon bien à cet homme.

32. En présence du roi, des habitants de la ville et du village, ainsi que d’un grand nombre de marchands réunis, il dit à cette assemblée : Celui-là est mon fils, ce fils que j’avais depuis longtemps perdu.

33. Il y a déjà, [depuis cet événement,] cinquante années complètes, et j’en ai vu encore vingt autres depuis ; je l’ai perdu pendant que j’habitais telle ville, et c’est en le cherchant que je suis arrivé ici.

34. Cet homme est le propriétaire de toute ma fortune ; je lui ai donné tout sans exception : qu’il fasse usage des biens de son père, selon qu’il en aura besoin ; je lui donne toutes ces propriétés.

35. Mais cet homme est frappé de surprise en songeant à son ancienne pauvreté, à ses inclinations misérables et à la grandeur de son père. En voyant toute cette fortune, il se dit : Me voilà donc heureux aujourd’hui !

36. De la même manière, le Guide [du monde] qui connaît parfaitement nos misérables inclinations, ne nous a pas fait entendre ces paroles : Vous deviendrez des Buddhas, car vous êtes des Çrâvakas, mes propres enfants.

37. Et le Chef du monde nous excite : Ceux qui sont arrivés, [dit-il,] à l’excellent et suprême état de Bôdhi, je leur indique, ô Kâçyapa, la voie supérieure que l’on n’a qu’à connaître pour devenir Buddha.

38. Et nous, que le Sugata envoie vers eux, de même que des serviteurs, nous enseignons la loi suprême à de nombreux Bôdhisattvas doués d’une grande énergie, à l’aide de myriades de kôṭis d’exemples et de motifs.

39. Et après nous avoir entendus, les fils du Djina comprennent cette voie éminente qui mène à l’état de Buddha ; ils entendent alors l’annonce de leurs destinées futures : Vous serez, [leur dit-on,] des Buddhas dans ce monde.