Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Tathâgata. Pourquoi cela ? C’est qu’il est difficile à comprendre, ô Kâçyapa, le langage énigmatique des Tathâgatas vénérables, etc.

Ensuite Bhagavat, pour exposer ce sujet plus amplement, prononça dans cette occasion les stances suivantes :

1. Moi qui suis le roi de la loi, moi qui suis né dans le monde et qui dompte l’existence, j’expose la loi aux créatures, après avoir reconnu leurs inclinations.

2. Les grands héros, dont l’intelligence est ferme, conservent longtemps ma parole ; ils gardent aussi mon secret, et ne le révèlent pas aux créatures.

3. Du moment, en effet, que les ignorants entendraient cette science si difficile à comprendre, concevant aussitôt des doutes dans leur folie, ils en seraient déchus et tomberaient dans l’erreur.

4. Je proportionne mon langage au sujet et aux forces de chacun ; et je redresse une doctrine par une explication contraire.

5. C’est, ô Kâçyapa, comme si un nuage s’élevant au-dessus de l’univers, le couvrait dans sa totalité, en cachant toute la terre.

6. Rempli d’eau, entouré d’une guirlande d’éclairs, ce grand nuage, qui retentit du bruit de la foudre, répand la joie chez toutes les créatures.

7. Arrêtant les rayons du soleil, rafraîchissant la sphère [du monde], descendant assez près de terre pour qu’on le touche de la main, il laisse tomber ses eaux de toutes parts.

8. C’est ainsi que répandant d’une manière uniforme une masse immense d’eau, et resplendissant des éclairs qui s’échappent de ses flancs, il réjouit la terre.

9. Et les plantes médicinales qui ont poussé à la surface de cette terre, les herbes, les buissons, les rois des forêts, les arbres et les grands arbres ;

10. Les diverses semences et tout ce qui forme la verdure ; tous les végétaux qui se trouvent dans les montagnes, dans les cavernes et dans les bosquets ;

11. Les herbes, en un mot, les buissons et les arbres, ce nuage les remplit de joie ; il répand la joie sur la terre altérée, et il humecte les herbes médicinales.

12. Or cette eau tout homogène qu’a répandue le nuage, les herbes et les buissons la pompent chacun selon sa force et selon sa destination.

13. Et les diverses espèces d’arbres, ainsi que les grands arbres, les petits et les moyens, tous boivent cette eau, chacun selon son âge et sa force ; ils la boivent et croissent, chacun selon le besoin qu’il en a.

14. Pompant l’eau du nuage par leur tronc, par leur tige, par leur écorce, par leurs branches, par leurs rameaux, par leurs feuilles, les grandes plantes médicinales poussent des fleurs et des fruits.