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qu’il ne tuât Varus).— Virgilii et Titi Livii scripta paulum abfuit quin ex omnibus bibliothecis amoveret Caligula, Suét. (peu s’en fallut que Caligula ne fît retirer de toutes les bibliothèques les œuvres de Virgile et de Tite-Live). — Nihil abest quin sim miserrimus[1] (il ne manque rien à mon malheur).

Rem. Si le sens négatif disparaît du premier membre, et qu’au lieu de peu s’en faut, on dise tant s’en faut, les deux que suivants seront exprimés par ut avec le subjonctif : « Tant s’en faut que ces choses aient été faites pour les bêtes, que les bêtes mêmes ont été créées pour l’homme, » Tantum abest ut hæc bestiarum causā parata sint, ut ipsas bestias hominum gratiā generatas esse videamus, Cic. Des deux ut, le premier se rapporte à abest, le second à tantum[2].

§ 464. Non dubitare quin.

Lorsque le verbe douter est accompagné d’une négation ou d’une interrogation, la proposition subordonnée prend quin avec le subjonctif : « On ne doit pas douter qu’il n’y ait eu des poëtes avant Homère, » Non debet dubitari quin fuerint ante Homerum poetæ, Cic. — « Qui peut douter que notre vie ne soit un présent des dieux immortels ? » Quis dubitare potest quin deorum immortalium munus sit, quod vivimus[3]? Sén.

§ 465. Autres emplois de Quin.

Il faut encore remarquer les constructions suivantes, quin annonce toujours une proposition négative subordonnée :

Nunquam tam male est Siculis, quin aliquid facete et commode dicant, Cic. (jamais les Siciliens ne sont si malheureux, qu’ils ne trouvent quelque bon mot à dire) ; quin = ut non.

Nemo tam ferus fuit, quin Alcibiadis casum lacrimaret, C. N. (il n’y eut personne de si dur, qu’il ne pleurât, = d’assez dur pour ne pas pleurer le malheur d’Alcibiade ) ; quin = qui non.

  1. Cicéron, Attic. XI, 15. — La raison pour laquelle on ne dit point parum abest, c’est qu’en bonne latinité parum signifie presque toujours trop peu ; il est opposé à satis, très-rarement à multum.
  2. Au second membre, on trouve souvent dans Cicéron, ut etiam ; deux fois dans Tite-Live, ut contra. On ne trouve nulle part ut potius.
  3. Non dubito, haud dubium est peuvent aussi se construire avec une proposition infinitive : Pompeius non dubitat eă, quæ de republicā nunc sentiat, valde mihi probari, Cic. Attic. VII, 1 ; cf. Ep. fam. X,31 ; XVI, 21 ; pro Flac., 33. Cette construction se rencontre surtout après Cicéron ; elle est très-fréquente chez Tite-Live.