Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/170

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avait mérité le nom de Sapho ; mais elle ne ressemblait à celle de la Grèce que par l’esprit, et n’avait pas moins de vertu que de science.

Anne de la Vigne est née en 1634 à Vernon, en Normandie. Elle était fille d’un médecin du roi, et l’une des personnes les plus belles et les plus spirituelles de son temps. Son extrême application au travail, pour la culture des sciences et de la poésie, lui occasionna la pierre, dont elle mourut, à Paris, en 1684 ; c’est pourquoi Vigneul-Marville lui fit l’épitaphe suivante :

MUNIMENTA SAXORUM SUBLIMITAS EJUS.

Cette demoiselle était de l’Académie des Ricovrati de Padoue. On distingue parmi ses poésies sa réponse à l’ombre de Descartes, qui lui avait parlé en vers[1] ; une autre réponse à une lettre qu’on feignait de lui écrire des Champs-Elysées, et une ode à mademoiselle de Scudéry, pour la féliciter de ce qu’elle avait remporté le premier prix d’éloquence à l’Académie française. Mesdemoiselles de la Vigne et de Scudéry, dès qu’elles se connurent, s’admirèrent réciproquement et se lièrent d’une étroite amitié.

  1. Voir l’article de mademoiselle Descartes.