Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/54

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Voici l’extrait d’une pièce de vers qu’elle fit à la louange de Louis de Puytendre.

C’est icy qu’apparust à ma veue encharmée
Le héroz que seulet tiens l’esgal d’ugne armée,
Que, por sien bel Adon, eust prins mère d’Amour,
Et diroit Orphéos, Dieou que lance le jour !…
Pardonne, ô tendre Eros ! s’entr’iceux ne te nomme ;
Maiz ne scay l’enfançon comparer au josne homme :
T’eusse veu sanz esmoy ; ne le vis sanz paslir,
Me troubler, perdre voix, palpiter, fresmollir ;
Languir de volupté, sentir en ma poictrine,
Toute en rapides feulx, circuler ta Cyprine…




CHRISTINE DE PISAN.


Christine de Pisan naquit à Venise en 1363. Son père, Thomas de Pisan, astrologue renommé, fut appelé en 1368 à la cour de Charles V, qui le nomma un de ses conseillers et son astrologue en titre. Christine fut élevée en France et ne quitta plus sa nouvelle patrie. Elle épousa Étienne Castel, dont elle eut plusieurs enfants. Après la mort de son mari, étant oubliée de la cour de Charles VI, qui avait fait mourir son vieux père de chagrin, elle se vit engagée dans des procès ruineux ; mais le malheur, loin d’abattre Christine, redoubla son courage et lui révéla son talent. Elle parvint à sauver quelques débris de sa fortune et se dévoua aux travaux littéraires pour assurer le sort de sa famille.