Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/119

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dire, et je suis assuré que le comte de Guiche reconnoîtra son oncle à ce trait de fripon. Mais, Madame, écoutez mon ami avant que de le condamner. — J’en suis d’accord, lui dit-elle. »

    l’abbé de La Rivière ne lui rendit pas toujours service, si l’on croit Tallemant des Réaux (t. 5, p. 146).

    « Boutard contoit que la Pecque Cornuel l’avoit voulu marier avec Marion, mademoiselle Legendre, et qu’elle luy avoit fait un grand dénombrement des avantages qu’il auroit. Je lui ris au nez, disoit-il, et je lui dis qu’elle oublioit la faveur de M. de La Rivière. Or, La Rivière concubinoit et concubine, je pense, encore, avec elle. Elle est à cette heure comme sa ménagère, et, à Petit-Bourg, on l’a vue quelquefois avec un trousseau de clefs. Autrefois il y avoit un couplet qui disoit :

    Il court un bruit par la ville
    Que Marion Cornuel
    Voudroit bien faire un duel
    Avec monsieur de Rouville.
    Qu’ils aillent chez la Sautour,
    C’est là que l’on fait l’amour.

    Rouville, déjà nommé, étoit le beau-frère de Bussy Rabutin. Quant à la Pecque, ce mot, qui signifie l’entendue, la faiseuse d’affaires, Boutard s’étoit habitué à le joindre au nom de madame Cornuel.

    On connoît au moins une intrigue de la Pecque, puisque Pecque il y a. Elle fut la maîtresse de M. de Sourdis, gouverneur d’Orléans, et gouverneur ridicule. (V. l’Historiette de Sourdis.) La marquise en enrageoit ; par contre, madame de Bonnelle se risqua à ennuyer la Pecque : elle alloit chez elle, à une heure indue, demander M. de Sourdis.

    Madame Cornuel étoit née vers 1610. Elle avoit les dents fort laides, et Santeul les comparoit à des clous de girofle. Elle mourut à Paris en février 1694. Saint-Simon (Note au Journal de Dangeau, t. 4, p. 449) rappelle son dernier bon mot. Dans ses Mémoires (t. 1, p. 116), il dit : « Il y avoit une vieille bourgeoise au Marais chez qui son esprit et la mode avoit toujours attiré la meilleure compagnie de la cour et de la ville ; elle s’appeloit madame Cornuel, et M. de Soubise étoit de ses amis. Il alla donc lui apprendre le mariage qu’il venoit de conclure, tout engoué de la naissance et des grands biens qui s’y trouvoient joints (l’héritière de Ventadour).