Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/281

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d’Hocquincourt avec une lettre pour la duchesse, laquelle ayant fait ses réponses et les ayant données à une femme de chambre pour les rendre aux porteurs, celle-ci se méprit et donna à l’homme de l’abbé les réponses que sa maîtresse faisoit au maréchal, et au laquais du maréchal le paquet destiné à l’abbé. On peut juger dans quelles alarmes fut la duchesse sitôt qu’elle sçut l’équivoque, et particulièrement quand on sçaura que dans la lettre qu’elle écrivoit à l’abbé, outre mille douceurs, il y avoit encore un grand chapitre contre madame de Brégy[1], qu’elle haïssoit,

  1. On a attribué à tort à M. de Brégy les Mémoires de M. de ***, qui ne semblent être qu’une compilation. C’étoit un pauvre homme qui se croyoit important (Montp., t. 2, p. 318) et dont on rioit, malgré ses ambassades en Pologne et en Suède. C’est son fils sans doute qui, gouverneur du Fort-Louis, fut tué près de cette place en 1689 (Quincy, t. 2, p. 174, et Dangeau, 14 juin 1689).

    Charlotte de Chazan, sa femme, née en 1619, morte le 13 avril 1695, étoit fille du premier lit de madame Hébert, femme de chambre de la reine-mère. Elle étoit « jolie, quoique brune et petite » (Tallem., 2e édit., t. 7, p. 169). Sa gentillesse la fit nommer fille de la reine, du dehors, c’est-à-dire non titrée, domestique. La reine l’aima tout de suite et la combla de faveurs. Son esprit acheva sa fortune : il étoit vif, élégant, coquet. Tallemant dit : « C’est la plus grande façonnière et la plus vaine créature qui soit au monde. » Mais elle plut à tout le monde et elle écrivit des lettres qu’on admira. La mère « n’étoit ni muette (Mottev., t. 2, p. 74), ni philosophe, et n’étoit guère écoutée. » La fille, bel esprit reconnu, épousa à seize ans Léonor de Flesselles, comte de Brégy, qui aima ses servantes plus que sa femme. Madame de Brégy devint dame d’honneur et amie de la personne influente, madame de Motteville (Mottev., t. 3, p. 136).

    L’Estat de la France pour 1649 donne la liste du service de la reine-mère.

    Les dames sont : Madame la maréchale de Vitry, madame de Chaumont (sœur du président de Bailleul), madame de