Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/311

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que celui-là pourroit bien remplacer les deux autres. Vivonne, en étant demeuré d’accord, écrivit à Bussy au nom de tous, qu’il étoit prié de quitter pour quelque temps le tracas du monde

    extrêmement orné, qui faisoit les plus jolis vers du monde qui ne lui coûtoient rien, et sur-le-champ, qui en a donné aussi des pièces entières ; un homme de la meilleure compagnie du monde, qui ne se soucioit de quoi que ce fût, paresseux, voluptueux, avare à l’excès, qui alloit très souvent acheter lui-même à la halle et ailleurs ce qu’il vouloit manger, et qui faisoit d’ordinaire son garde-manger de sa chambre. Il voyoit bonne compagnie, dont il étoit recherché ; il en voyoit aussi de mauvaise et d’obscure, avec laquelle il se plaisoit, et il étoit en tout extrêmement singulier. C’étoit un grand homme sec, mais bien fait, et dont la physionomie disoit tout ce qu’il étoit.

    « Son oncle le laissa fort riche et grandement apparenté. » Il négligea la faveur attachée à son nom, et peu à peu se retira dans la vie libre. Sa femme, fille aînée de madame de Thianges, étoit, lors de son mariage (1670), la plus belle personne de la cour. Il en fut jaloux. Fort souvent il l’emmena à Rome de grand matin, sans préparatifs ; ils y firent de longs séjours. M. de Nevers mourut à soixante-six ans. « Il s’étoit fort adonné à Sceaux, et sa femme encore davantage. » Son fils n’eut pas grand crédit.

    Assurément, ce n’est pas pour refaire le curieux ouvrage de M. Amédée Renée (les Nièces de Mazarin) que j’ajoute à tant de notes une note supplémentaire. Plusieurs fois nous avons rencontré la duchesse de Mercœur, la comtesse de Soissons, la connétable Colonna, le duc de Nevers, etc. Le lecteur, qui n’est pas forcé de connoître à fond la généalogie des parents de Mazarin, a pu y trouver quelque embarras.

    « Le cardinal Mazarin avoit deux sœurs : —madame Martinozzi, qui n’eut que deux filles, l’une mariée au duc de Modène, et mère de la reine d’Angleterre, épouse du roi Jacques II ; l’autre à M. le prince de Conti, bisaïeul de M. le prince de Conti d’aujourd’hui ; —madame Mancini, qui eut cinq filles et trois fils. Les filles furent : la duchesse de Vendôme, mère du dernier duc de Vendôme et du grand prieur, dont le père fut cardinal après la mort de sa femme ; la comtesse