Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/40

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avoit passé la nature, et qu’il étoit bien plus honnête homme que mille gens qui avoient bien plus d’esprit que lui[1].

Étant donc de retour de Catalogne, où il avoit

  1. Chemin faisant, nous ferons longue connoissance avec Candale. Une note ne suffiroit pas et elle couvriroit bien vite vingt pages.
    Les garnitures à la Candale
    Font paroître un visage pâle,
    dit un vers boiteux du Nouveau siècle de Louis XIV (1856, p. 69). Ce vers atteste l’empire que Candale exerça sur les modes de son temps ; cet empire est attesté en mille endroits, par exemple dans le Roman Bourgeois de Furetière (p. 73 de l’édit. elzevirienne) : « On descendit sur les chausses à la Candalle ; on regarda si elles estoient trop plissées en devant ou derrière. » De la tête aux pieds, ce beau seigneur règle le costume des délicats. Louis-Charles-Gaston de Nogaret et de Foix, duc de Candale, né à Metz en 1627, étoit fils de Bernard de Nogaret, duc d’Épernon, et de Gabrielle-Angélique, fille légitimée de Henri IV. Il avoit du sang royal dans les veines : au dix-septième siècle ce n’étoit pas un médiocre avantage en amour. En 1646, il est au siége de Mardick ; en 1648, il est à Paris auprès du duc d’Orléans (Motteville, t. 3, p. 103) ; en 1649, il commande le régiment de son nom ; en 1652, il a, par avance, la charge paternelle de colonel général et le gouvernement d’Auvergne ; en 1654, il est lieutenant général sous Conti et d’Hocquincourt, deux des personnages de la présente histoire. Il meurt à Lyon le 28 janvier 1658. Il faut lire Saint-Évremont pour le voir à son avantage.

    Le jour de sa mort fut un jour de deuil pour les dames. L’abbé Roquette, coutumier du fait, acheta du père Hercule, général des Pères de la Doctrine, l’oraison funèbre qu’il lui consacra (Voy. Tallem., t. 10, p. 239). Ce n’est pas là qu’il faut chercher l’histoire de sa vie.

    Une sœur qu’il avoit lui survécut bien long-temps ; elle est morte sans alliance, comme lui, le 22 août 1701, à soixante-dix-sept ans, après cinquante-trois années de couvent des Carmélites (Saint-Simon, t. 10 de l’édit. Sautelet).

    Madame de Motteville n’a pas flatté son père (t. 4, p. 71), seigneur hautain, jaloux, brutal, cruel, criminel peut-être.