Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 1, éd. Boiteau, 1856.djvu/97

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et relevées, le teint un peu jaune, le visage plat, les cheveux blonds et la tête belle, la taille bien faite si elle ne se fût un peu trop négligée ; pour l’esprit, il l’avoit assez de la manière du comte de Guiche ; il n’avoit pas tant d’acquis, mais il avoit pour le moins le génie aussi beau. La fortune de celui-là, qui n’étoit pas à beaucoup près si établie que celle de l’autre, lui faisoit avoir un peu plus d’égard ; mais naturellement ils avoient tous deux les mêmes inclinations à la dureté et à la raillerie : aussi s’aimoient-ils fortement, comme s’ils eussent été de différens sexes.

Dans le temps même que madame d’Olonne montroit à tout le monde la lettre du chevalier de Grammont, celui-ci découvrit l’amour du comte

    Coll. Michaud, p. 276) ; il est à côté de Mazarin, en 1651, lorsque celui-ci rentre en France (Mottev., t. 4, p. 308) ; en 1653 il est gouverneur de La Fère, « à cause que ses terres sont situées aux environs », très attaché au cardinal, lieutenant général du maréchal d’Hocquincourt (Montglat, p. 290). Il est quelquefois difficile de retrouver toutes les traces des personnages qui, comme ceux dont il s’agit quelquefois dans l’Histoire amoureuse, n’ont joué qu’un rôle très particulier dans l’histoire. Ainsi pour notre Manicamp (Bernard de Longueval). L’une de ses soeurs, « douce et mélancolique », quitta la cour aux jours saints de 1655 (Walck., t. 2, p. 20), pour se faire carmélite ; une autre devint maréchale d’Estrées. Madame de Sévigné étoit de ses amies (lettre du 24 avril 1672). Manicamp, revenu ou non des folies de sa jeunesse, mena une vie effacée. Cavoie lui fit accroire un jour qu’il alloit être nommé roi de Pologne (1674. Saint-Simon, note au Journal de Dangeau, t. 5, p. 356). Au temps de sa verte faveur, « le petit Manicamp, qui a soutenu toute sa vie le même caractère », persuade au roi (1660) qu’il est du bon air de jurer (Choisy, Coll. Michaud, p. 561), et le roi le croit un moment. La reine-mère le désabuse.

    M. G. Brunet (Note du Nouveau Siècle de Louis XIV, p. 65) l’appelle l’abbé de Lauvigni de Manicamp.